• World of Warcraft : Traveler, tome 1

    Texte : Greg Weisman
    Éditeur : Bayard Jeunesse
    Date de parution : 7 mars 2018
    Format : broché
    Genre : fantastique
    Nombre de pages : 496
    Tranche d'âge : à partir de 12 ans
    ISBN : 9782747082051

    Aram, 12 ans, a été abandonné par son père, Greydon, quand il était enfant. C'est dire s'il voit son retour d'un très mauvais oeil. Et ce d'autant plus que Greydon l'embarque sur son bateau sans lui demander son avis. Là, Aram doit tout apprendre, sous la houlette d'une jeune fille particulièrement désagréable, Makasa.

    Mais l'équipage est attaqué par une bande de pirates. Aram et Makasa, réfugiés sur un canot de sauvetage, échouent sur une côte sauvage. Seuls survivants, ils décident de prendre la route, guidés par une étrange boussole. Greydon l'a léguée à son fils, avec une mission : ne jamais s'en séparer. Mais elle ne désigne par le Nord... Alors où les mène-t-elle ?

    Merci aux éditions Bayard Jeunesse et à Babelio pour leur confiance.

    Proposer une histoire dans l'univers complexe de Warcraft à un public de jeunes adolescents était un pari risqué. Mais le contrat est rempli pour le premier tome de Traveler.

    Le roman démarre sur le bateau du capitaine Greydon, homme fort et robuste qui vient depuis peu d'y faire monter son fils réfractaire, Aram. Les raisons de cette relation tendue seront expliquées par la suite en flash-back. Aram s'entend malgré tout avec tout le monde, hormis la glaciale Makasa. L'ambiance à bord est très bien décrite et on aurait presque envie de faire partie de l'équipage.

    Par la suite, le décor change radicalement. Au cours de son voyage initiatique, Aram découvre des paysages inattendus et des créatures inconnues. Pour aider le lecteur à mieux assimiler ces différentes races, l'auteur utilise un stratagème efficace : il a doté Aram d'un talent de dessinateur. Ainsi, entre deux pages de récit, on peut découvrir une page de carnet à dessin avec l'esquisse d'un taurène, un gnoll, un murloc ou une wyverne. Les illustrations sont magnifiques et dès qu'on tombe sur une, on a déjà hâte de découvrir la suivante.

    Aram est un héros au grand cœur dont on comprend la détresse au départ de son voyage. Pourtant, il est curieux d'avoir choisi pour personnage principal un jeune homme qui n'est ni doué ni pour le combat, ni pour la stratégie, ni même pour la magie. Il y a plusieurs scènes de combats intenses dans le livre mais Aram ne participe à aucune. On devine qu'il aura un grand destin mais dans ce premier tome, je l'ai trouvé plutôt ennuyeux. Heureusement que la redoutable Makasa est là pour compenser. L'action s'accélère à la fin et ouvre déjà sur de nouvelles aventures où on espère qu'Aram gagnera en expérience et en charisme pour éviter les quelques moments de flottement ressentis à la lecture de ce premier tome.

    Je pense malgré tout que cette série rencontrera son public. Elle est un très bon tremplin pour permettre aux jeunes lecteurs de découvrir la Fantasy.

     

    Note

          Tout à coup, les feuillages remuèrent - il le sentit plutôt qu'il ne l'entendit. Des choses se glissèrent hors de la forêt pour gagner les rochers séparant les bois de la plage. Et ces choses étaient nombreuses. On aurait dit d'énormes chiens au pelage brun zébré de jaune et tacheté de noir, qui se tenaient maladroitement sur deux pattes et portaient des guenilles de laine épaisse renforcées ça et là de pièces d'armure en acier. Ils brandissaient des armes. Beaucoup d'armes. Des massues, des lances, des haches, des bolas et encore des massues, toutes ornées de pointes acérées.
           - Que vois-tu? demanda Greydon.
           - Des gnolls, répondit Aram dans un souffle.
         En général, il détestait que son père teste ses connaissances mais, à ce moment précis, la fascination lui fit oublier sa rancœur. Pendant toute son enfance passée à Comté-du-Lac, Aram avait entendu parler de ces monstres, mais c'était la premier fois qu'il en voyait en chair et en os. Ceux-ci correspondaient parfaitement à la description que Greydon lui en avait faite - même s'il avait omis de mentionner qu'ils étaient terrifiants. 


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  • Le gang des prodiges, Tome 1

    Auteur : Marissa Meyer
    Éditeur : Pocket Jeunesse
    Format : broché
    Date de parution : 1er février 2018
    Genre/thématiques : fantastique, romance
    Nombre de pages : 608
    Tranche d'âge : à partir de 15 ans
    ISBN : 9782266283403

    Il y a plus de dix ans, les Renégats, un groupe d’hommes et de femmes détenteurs de pouvoirs surhumains, ont vaincu les super-vilains. Ils font désormais régner la paix et la justice. Mais les super-vilains n’ont pas disparu… Parmi eux, Nova, qui a dédié sa vie à la lutte contre les Renégats, responsables de la mort de sa famille.

    Prête à tout, elle se fait passer pour l’un d’entre eux et infiltre leur repaire afin de les espionner. Mais lorsqu’elle se lie d’amitié avec le fils adoptif des deux principaux Renégats, ses certitudes vacillent…

    Voilà un livre que tous les fans des Chroniques Lunaires attendait! A l'heure où j'écris cet article, il m'en manque encore un à lire mais ce sera vite chose faite. J'attendais donc beaucoup de ce nouveau début de saga, mais j'en ressors avec un avis très indécis.

    Le parti pris est de dire que cette histoire est racontée "du point de vue des méchants". Je ne suis pas du tout d'accord avec cette idée. Certes, il y a parmi les Anarchistes des êtres sans scrupules mais l'héroïne, Nova, est loin d'en être une. Elle a une haine viscérale des Renégats, les super héros, dû à un traumatisme de l'enfance, mais elle a tout de même une conscience et ses a priori sur ses ennemis s'effrite très vite une fois qu'elle infiltre leur clan. On ne peut pas la considérer comme une méchante.

    La première parti du roman m'a semblé reprendre beaucoup d'éléments déjà exploités et ne m'a pas paru d'une grande originalité. J'avais l'impression de lire un mixe entre Les X-men, Les Avengers et The Effigies. Les super héros idoles de la population, c'est du déjà vu; les gentils qui martyrisent en secret les méchants aussi. Bref, j'étais moyennement convaincue dans les deux premiers tiers du roman, mais j'espérais bien que la fin m'apporterait des éléments plus plaisants.

    C'est effectivement ce qu'il s'est produit. Bien qu'il y ait plusieurs scènes d'action depuis le début, je m'ennuyais un peu. Mais il m'a semblé que l'ambiance prenait une autre couleur et qu'un vrai suspense s'installait enfin après un événement anecdotique concernant Max, ce jeune Prodige enfermé dont personne ne souhaite révéler le pouvoir à Nova. De vraies questions se bousculent enfin et les mystères s’épaississent. Je pense que c'est quelque chose qui manque cruellement au début du livre : des non-dits et une vraie motivation chez les personnages. C'est aussi à ce moment que la romance entre Adrian et Nova s'installe  réellement. Cette deuxième partie du livre est nettement plus passionnante et, même si les dernières lignes du livre se devinent à des kilomètres, il règne une grande tension qui donne hâte de connaître la suite.

    Ce début de saga qui ne parvient pas à convaincre complètement devrait se bonifier par la suite pour qu'on y retrouve un univers atypique et propre à l'auteure.

     

    Note

        - Avant, les gens nous considéraient comme des monstres avec des pouvoirs inquiétants. Maintenant, ils nous voient comme... des modèles.
         - Des modèles?
         - Bien sûr. Chacun rêve d'être un héros. Au fond, c'est triste de constater que si peu de gens finissent par le devenir.
       Nova ne put retenir un reniflement dédaigneux.
         - Ce serait triste s'ils le souhaitaient vraiment. Or ce n'est pas la cas.
       Adrian pencha la tête sur le côté.
         - Comment ça?
         - Il n'y a aucune règle qui stipule qu'il faut être un Prodige pour être un héros. Si les gens voulaient se prendre en main, défendre leurs proches ou se battre pour ce qu'ils croient juste, ils n'auraient qu'à le faire. S'ils voulaient être héroïques, ils trouveraient un moyen de l'être, avec ou sans super-pouvoirs. (Elle agita les doigts avec dérision.) C'est facile de dire qu'on voudrait être un héros, mais la vérité, c'est que la plupart des gens sont trop paresseux pour ça. Ils ont les Renégats, après tout, alors à quoi bon se fatiguer?


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  • Paris est tout petit

    Auteur : Maïté Bernard
    Éditeur : Syros
    Date de parution : 1er février 2018
    Format : broché
    Genre : romance, drame
    Tranche d'âge : à partir de 16 ans
    Nombre de pages : 376
    ISBN : 9782748524901

    Inès a 17 ans et un objectif : être admise à Sciences Po après le bac. Elle vient de trouver un job de femme de ménage chez les Brissac, dans le 7e arrondissement de Paris, mais elle n’avait pas prévu le coup de foudre intense entre elle et Gabin, le fils aîné de ses employeurs.

    « Paris est tout petit pour ceux qui s’aiment, comme nous, d’un aussi grand amour. » Cette phrase de Prévert devient leur credo.

    Inès et Gabin sont ensemble le soir de l’attentat du Bataclan, quand le pire se produit. Dès lors, leur histoire et la ville qui les entoure prennent d’autres couleurs, celles de l’après.

     J'étais à la fois excitée et angoissée de commencer cette lecture. Excitée car Maïté Bernard (l'auteure) a très bien "vendu" son livre lors d'une rencontre avec les écrivains des éditions Syros. Il me restait néanmoins un a-priori : je ne voulais pas lire un roman qui ferait débat, qui remettrait sur le tapis des sujets de société, la question du mauvais amalgame entre musulmans et terroristes, etc. Finalement, ce chef d'oeuvre est allé au-delà de mes attentes.

    Inès, l'héroïne, est musulmane. Mais elle est surtout une lycéenne brillante bien qu'un peu introvertie. Gabin, lui, est plus ouvert, rêveur et surtout follement amoureux de sa ville natale : Paris. Le coup de foudre entre les deux jeunes gens est immédiat et laisse complètement rêveur. C'est doux, c'est facile, c'est beau. Outre les partages de caresses qui émoustillent, ils parlent beaucoup de culture cinématographique, de musique, de livres, etc. Inès, qui ne jure que par la littérature, va s'ouvrir au monde du cinéma et découvrir des classiques comme les films avec Jean Gabin mais aussi de gros blockbusters américains, type Fast and Furious. Mais là où Gabin va prendre le plus de plaisir, c'est en faisant découvrir à sa petite amie son précieux Paris : ses rues, son architecture, son histoire, etc. Je suis littéralement tombée amoureuse de leur histoire d'amour.

    L'attentat du Bataclan n'en sera que plus brutal pour les deux jeunes gens... Entre la détresse, la colère et la culpabilité, le couple parviendra-t-il à garder son équilibre? Cette question est développé dans la deuxième moitié du roman mais je ne vous en dévoilerai pas plus car c'est quelque chose de difficile à raconter, et tellement plus intense à lire. Inès et Gabin auront des moments de doute, de tristesse, de remise en question, de perdition, etc. Mais la vie doit continuer et il leur faudra en retrouver le droit chemin.

    Dans le fond comme dans la forme, ce livre est un bijou. Maïté Bernard parvient à raconter des choses fortes et à faire naître toutes sortes d'émotions avec un vocabulaire et un style très simples. Je ne suis pas une fan de Paris (pour être honnête, c'est même plutôt l'inverse), mais j'ai adoré suivre les amoureux dans leurs balades. C'est comme s'ils nous donnaient la main pour marcher avec eux. Contrairement à ce que je redoutais au départ, l'auteure ne laisse jamais le moindre débat sur la religion empiéter sur l'histoire des deux amoureux; elle ne refait pas l'Histoire, elle s'en sert simplement pour faire vivre l'idylle d'Inès et Gabin. Leur histoire, entre fiction et réalité, est à la fois cruelle et magnifique. J'en suis ressortie bouleversée et je doute que le moindre lecteur en reste indemne.

    Ce roman est un énorme coup de cœur! A découvrir d'urgence quel que soit votre âge, votre sexe, votre culture ou vos croyances.

     

    Note

       - Tu as le temps de faire un tour du square avec nous? dit-il en me montrant Bobby. Ça lui ferait tellement plaisir.
           Nous regardons le chien occupé à renifler une roue de voiture.
         - C'est vrai qu'il a l'air très anxieux à l'idée de la séparation, dis-je.
           Mais je pousse la petite porte du square et nous y entrons. Les marronniers, les peupliers et les platanes offrent un début d'ombre charmant dont je m'éloigne pour aller voir la statue du lion. Je lis à voix haute : 
         - Drame du désert, Henri Amédée Fouques.
         Je me tourne vers Gabin pour lui dire que je ne connais pas ce sculpteur, mais son expression de désir me paralyse. Nous restons immobiles quelques secondes, perdus dans le regard l'un de l'autre, puis il avance sur moi et m'embrasse en plein milieu du square.
           Pour la première fois, je promène ma main dans les cheveux d'un garçon, dans son cou , sur sa joue. Le plus étrange, c'est que ce soit si évident.
     


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  • Tout ce que je ne t'ai pas dit

    Auteur : Kylie Fornassier
    Éditeur : Fleurus
    Date de sortie : 9 février 2018
    Format : broché
    Genre / thématiques : romance, maladie
    Tranche d'âge : à partir de 15 ans
    ISBN : 9782215135678

    "Je déteste cette étiquette de Mutisme Sélectif : comme si je choisissais de ne pas parler, comme un enfant qui refuse de manger ses épinards! J'ai utilisé tous les trèfles à quatre feuilles que j'ai trouvés depuis que j'ai dix ans pour faire ce vœu : réussir à parler quand je le veux. Je suis en train de me demander s'il y aura assez de trèfles sur terre."

    A cause de sa maladie, Piper a perdu sa meilleure amie. Déterminée à ce que sa dernière année de lycée soit différente, elle fait sa rentrée dans un nouvel établissement. Elle y rencontre West, le joueur star de l'équipe de foot, le garçon dont tout le monde parle. Malgré la peur de Piper de perdre à nouveau un être cher et malgré tout ce qui les sépare, Piper se lie à West, sans que jamais elle ne réussisse à lui dire un seul mot...

     Ce roman présente deux lignes directives : d'un côté Piper et sa maladie, de l'autre son histoire d'amour avec West.

    Concernant le premier point, je ne suis pas restée indifférente. J'ai d'abord eu du mal à comprendre comment l'héroïne pouvait être apte à parler à certaines personnes et d'autres non; pour moi, le mutisme ne pouvait être que total. Je crois que je ne le comprends toujours pas aujourd'hui, mais Piper et son histoire permettent de le tolérer et de respecter. Tout le long du roman, l'adolescente n'a de cesse de le répéter : c'est quelque chose qu'elle a toujours eu, elle n'a subit aucun traumatisme et son problème ne s'arrangera pas du jour au lendemain. Paradoxalement, elle a une peur panique du jugement d'autrui et pourtant je lui trouve du courage. En revanche, je ne suis pas entièrement d'accord avec ce qui est dit dans le résumé, à savoir que c'est à cause de son mutisme que Piper et Cassie, sa meilleure amie, ont été séparées. Je ne raconterai pas ce qu'il s'est passé mais pour moi c'est un événement traité de façon très superficiel et qui aurait même pu être ôté du roman vu la simplicité avec lequel le problème est résolu.

    L'autre partie du roman, l'histoire d'amour, se construit avec une telle facilité que cela laisse rêveur. West est LE garçon parfait : sportif, gentil, honnête, drôle, compréhensif, attentionné, etc. Il ne juge personne et surtout Piper avec qui il communique facilement par écrit. Cela ne le dérange pas de faire parfois des monologues, tant qu'il est avec elle; du moins au début...Leur histoire est simple et très jolie; je n'en demandais pas plus. Même si la fin frôle le mélodrame, elle est nécessaire pour faire grandir Piper. Elle qui régulièrement se réfugie dans sa chambre noire (elle est passionnée de photographie) va devoir voler de ses propres ailes, sans l'aide de ses parents ou de ses trois frères et sœurs. Tous ensemble, ils forment une famille haute en couleurs dans laquelle les chamailleries font vite place aux moments de complicité. Ces passages sont très plaisants à lire.

    Sur fond d'histoire d'amour, l'histoire de cette adolescente australienne est un hymne à la tolérance et à l'ouverture d'esprit. Elle m'a beaucoup fait penser à Nos étoiles contraires de John Green; donc si vous avez aimé Hazel et Augustus, vous devriez aimer aussi Piper et West.

     

    Note

           - James Baldwin a dit un jour, "Les gens sont piégés dans l'histoire et l'histoire est piégée en eux."
         Monsieur Hill écrit la citation au tableau et se retourne vers la classe.
           - A votre avis, que voulait-il dire par là?
         Personne ne lève la main. Monsieur Hill attend une minute. Ses yeux passent d'élève en élève et finissent par s'arrêter sur moi.
           - Piper, dit-il tout content. Peux-tu dire ce que signifie cette citation?
         Je regarde autour de moi. Ce n'est pas possible, ce n'est pas à moi qu'il est en train de parler, là? Il me regarde, il hoche la tête pour m'encourager. Mon cœur bat tellement vite que j'ai l'impression qu'il bourdonne. Je fais non de la tête.
           - Il n'y a pas de mauvaise réponse, dit Monsieur Hill.
         Mais pourquoi les professeurs se sentent-ils toujours obligés de dire ça? Ils devraient plutôt dire qu'il y a plein de bonnes réponses, parce qu'il est évident qu'il y a aussi de mauvaises réponses. Si j'affirmais que Baldwin voulais dire par là que les ânes faisaient d'excellents cuisiniers, j'aurais complètement faux. Les professeurs attendent certaines réponses, de la même façon qu'ils attendent que tous les élèves soient capables de parler.
         Monsieur Hill fait un pas vers ma table.
           - Lance-toi! dit-il.
         Il essaye d'avoir l'air sympa, mais je sens une pointe d'agacement percer dans sa voix.
           Demandez à quelqu'un d'autre, l'imploré-je des yeux. J'ai l'impression que ma gorge est bloquée. J'arrive à peine à respirer, alors de là à parler...
           - Ça t'amuse de faire semblant de ne pas m'entendre?
         J'entends quelqu'un glousser au fond. J'ai les yeux qui commencent à piquer. Je baisse la tête et tente de ravaler mes larmes. Quelques autres élèves se mettent à rire.
         Je ne peux pas rester ici plus longtemps.
         J'arrive à me lever malgré mes jambes en coton qui manquent de me lâcher, et attrape mes affaires posées sur la table. Je passe en courant, oui, en courant, devant Monsieur Hill et devant toute la classe.
           - Piper? m'appelle-t-il depuis la porte.


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  • L'autre soeur

    Auteur : Cylin Busby
    Éditeur : Milan
    Date de parution : 24 janvier 2018
    Format : broché
    Genre/thématique : thriller
    Tranche d'âge : A partir de 12 ans
    Nombre de pages : 288
    ISBN : 9782745988263

    Quand Sarah se volatilise, sa famille est dévastée.
    Nico, 11 ans, devient au collège "la sœur de la fille qui a disparu".
    Derrière le chagrin, difficile d'admettre qu'elle est soulagée : Sarah n'est plus là pour se moquer de ses rondeurs et de ses goûts. Car sa sœur était une peste qui menait son entourage à la baguette.

    Un jour, enfin, Sarah réapparaît.
    Amnésique, mais vivante. Pareille et pourtant différente. Est-ce bien elle... ou est-ce une imposture?

    Cette histoire est racontée du point de vue de Nico, une jeune ado longtemps complexée à cause des remarques méprisantes de son aînée. Après la disparition de cette dernière, Nico raconte la tristesse, la détresse de ses parents, les multiples désillusions quand la police pensait l'avoir retrouvée, la pression médiatique, etc. Malgré son inimitié envers Sarah, Nico est elle-même plongée dans cette spirale infernale.

    Finalement, après quatre ans d'absence, Sarah est retrouvée dans un refuge à l'autre bout du pays. Des séquelles physiques et psychologiques sont clairement visibles, mais au moins elle est vivante. A partir de là, la famille va essayer de reprendre sa vie "comme avant". Mais ce ne sera pas si simple...

    L'auteur créé autour de ses personnages une atmosphère lourde et pesante qui fait qu'on se met aisément à leur place. Malgré le retour de Sarah, les médias sont toujours là à guetter la moindre information, la police n'a pas complètement fini son enquête, les médecins tiennent à surveiller la jeune femme, etc. Autant dire que le retour à une vie normale n'est pas pour maintenant. On capte aussi aisément les sentiments indécis de Nico : elle est évidemment soulagée de retrouvée sa sœur, mais aussi angoissée à l'idée d'être de nouveau victime d'agressions verbales et physiques; et surtout, elle est rapidement convaincue que Sarah n'est pas Sarah. D'infimes détails dans le comportement de sa sœur lui mettent la puce à l'oreille. Est-ce dû à un traumatisme ou Sarah cache-t-elle vraiment quelque chose?

    Entre les chapitres qui exposent la nouvelle vie de la famille, l'auteur insère des chapitres sombres qui laissent penser que Sarah aurait été séquestrée. Progressivement, des étapes de son parcours sont révélées mais on ne sait jamais vraiment quelle tournure va prendre le roman. Est-on face à un thriller? De la science fiction? De très nombreuses hypothèses sont possibles, mais pour ma part, j'étais loin de la vérité... Je me suis posée beaucoup de questions, j'ai frissonné et j'ai été littéralement happée par cette lecture bien que je sois rarement attirée par ce genre de roman à suspense. J'ai moi-même une sœur et je me suis parfaitement retrouvée dans le personnage de Nico, excédée par les disputes fraternelles constantes et l'aveuglement des parents trop heureux d'avoir retrouvé leur enfant. On n'est pas passé loin du coup de cœur, mais quelques infimes détails qui m'ont semblé illogiques m'en ont éloignée. 

    L'autre soeur reste un très bon roman, déstabilisant et angoissant à souhait!

     

    Note

           J'entendis Maman parler aux inspecteurs sur le perron pendant que je montais l'escalier en courant. Je chaussais à présent du 39, et ma soeur autrefois du 38. Je passais devant sa chambre et restai un instant devant la porte fermée. Devrais-je lui prendre une autre paire dans son placard? Peut-être avait-elle raison et avaient-elles rétréci. Une minute plus tard, je redescendis avec des ballerines à moi.
           Sarah les accepta avec gratitude et s'empressa de les enfiler, tout en buvant à grandes gorgées son café, noir et sans sucre.
         - Elles sont parfaites. Bon, quand il faut y aller...
           Elle me sourit avant de sortir de la cuisine.
           Maman avaient convaincu les inspecteurs de laisser Papa l'accompagner, alors depuis le jardin, nous les regardâmes partir ensemble dans une voiture de police banalisée. J'avais appris à reconnaître ces voitures après la disparition de Sarah, quand elles étaient garées devant chez nous presque tous les jours : des berlines Ford à quatres portes, bleu foncé ou noires, sans plaques d'immatriculation.
         - Je ne supporte pas de la perdre de vue, admit Maman, les bras serrés autour de sa poitrine, au bord des larmes.
           Je comprenais ce qu'elle ressentait. La nuit précédente, j'avais été tentée de m'introduire dans la chambre de ma sœur, juste pour la regarder dormir, m'assurer qu'elle était bien dans son lit.
         - Tu sais, ses chaussures...
         - Qu'est-ce qu'elles ont, ses chaussures?
         - Rien, seulement elles ne lui vont plus.


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