• La boîte à musique, tome 1

     

    Scénario : Carbone
    Dessin : Gijé
    Éditeur : Dupuis
    Date de parution : 26/01/2018
    Genre : BD tout public
    Nombre de pages : 56
    ISBN : 9782800173191

    Pour son 8e anniversaire, Nola reçoit un magnifique cadeau : la boîte à musique de sa maman Annah!
    Quelle mélodie enchanteresse!
    Mais à y regarder de plus près, une petite fille gesticule à l'intérieur et appelle au secours...
    Ensuivant ses instructions, Nola rapetisse et entre dans la boîte à musique.
    Elle découvre alors Pandorient, un monde fabuleux mais aussi dangereux...

     A peine sortie, cette BD fait déjà beaucoup parler d'elle. Je rejoins l'avis général sur la beauté époustouflante du dessin et surtout des couleurs lumineuses et pétillantes. Les paysages de Pandorient sont fabuleux!

    Les personnages sont aussi très sympathiques : Nola est toute mignonne et fait naître beaucoup d'émotion quand elle parle de sa maman, Andrea et Igor (ses nouveaux amis) forment un binôme drôle et dynamique, et je suis certaine que, comme moi, certains ne seront pas restés insensibles à la bouille d'amour de Pitboule, leur petit chien!

    Je ne peux nier que l'aspect magique et un brin poétique de l'histoire m'a plu également, mais je ne le trouve pas d'une grande originalité. J'attends donc de voir si le scénario va se démarquer dans les prochaines aventures de Nola. Vu la multitude de créatures étranges et fantastiques aperçus dans ce premier tome, cela ne devrait pas être trop difficile.

    Malgré mon avis mitigé, ce premier tome devrait rapidement séduire les jeunes lecteurs par son univers magique et les grandes aventures qu'il promet.

     

    Note

    La boîte à musique, tome 1

    (cliquer sur l'image pour la voir en grand)


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  • L'autre soeur

    Auteur : Cylin Busby
    Éditeur : Milan
    Date de parution : 24 janvier 2018
    Format : broché
    Genre/thématique : thriller
    Tranche d'âge : A partir de 12 ans
    Nombre de pages : 288
    ISBN : 9782745988263

    Quand Sarah se volatilise, sa famille est dévastée.
    Nico, 11 ans, devient au collège "la sœur de la fille qui a disparu".
    Derrière le chagrin, difficile d'admettre qu'elle est soulagée : Sarah n'est plus là pour se moquer de ses rondeurs et de ses goûts. Car sa sœur était une peste qui menait son entourage à la baguette.

    Un jour, enfin, Sarah réapparaît.
    Amnésique, mais vivante. Pareille et pourtant différente. Est-ce bien elle... ou est-ce une imposture?

    Cette histoire est racontée du point de vue de Nico, une jeune ado longtemps complexée à cause des remarques méprisantes de son aînée. Après la disparition de cette dernière, Nico raconte la tristesse, la détresse de ses parents, les multiples désillusions quand la police pensait l'avoir retrouvée, la pression médiatique, etc. Malgré son inimitié envers Sarah, Nico est elle-même plongée dans cette spirale infernale.

    Finalement, après quatre ans d'absence, Sarah est retrouvée dans un refuge à l'autre bout du pays. Des séquelles physiques et psychologiques sont clairement visibles, mais au moins elle est vivante. A partir de là, la famille va essayer de reprendre sa vie "comme avant". Mais ce ne sera pas si simple...

    L'auteur créé autour de ses personnages une atmosphère lourde et pesante qui fait qu'on se met aisément à leur place. Malgré le retour de Sarah, les médias sont toujours là à guetter la moindre information, la police n'a pas complètement fini son enquête, les médecins tiennent à surveiller la jeune femme, etc. Autant dire que le retour à une vie normale n'est pas pour maintenant. On capte aussi aisément les sentiments indécis de Nico : elle est évidemment soulagée de retrouvée sa sœur, mais aussi angoissée à l'idée d'être de nouveau victime d'agressions verbales et physiques; et surtout, elle est rapidement convaincue que Sarah n'est pas Sarah. D'infimes détails dans le comportement de sa sœur lui mettent la puce à l'oreille. Est-ce dû à un traumatisme ou Sarah cache-t-elle vraiment quelque chose?

    Entre les chapitres qui exposent la nouvelle vie de la famille, l'auteur insère des chapitres sombres qui laissent penser que Sarah aurait été séquestrée. Progressivement, des étapes de son parcours sont révélées mais on ne sait jamais vraiment quelle tournure va prendre le roman. Est-on face à un thriller? De la science fiction? De très nombreuses hypothèses sont possibles, mais pour ma part, j'étais loin de la vérité... Je me suis posée beaucoup de questions, j'ai frissonné et j'ai été littéralement happée par cette lecture bien que je sois rarement attirée par ce genre de roman à suspense. J'ai moi-même une sœur et je me suis parfaitement retrouvée dans le personnage de Nico, excédée par les disputes fraternelles constantes et l'aveuglement des parents trop heureux d'avoir retrouvé leur enfant. On n'est pas passé loin du coup de cœur, mais quelques infimes détails qui m'ont semblé illogiques m'en ont éloignée. 

    L'autre soeur reste un très bon roman, déstabilisant et angoissant à souhait!

     

    Note

           J'entendis Maman parler aux inspecteurs sur le perron pendant que je montais l'escalier en courant. Je chaussais à présent du 39, et ma soeur autrefois du 38. Je passais devant sa chambre et restai un instant devant la porte fermée. Devrais-je lui prendre une autre paire dans son placard? Peut-être avait-elle raison et avaient-elles rétréci. Une minute plus tard, je redescendis avec des ballerines à moi.
           Sarah les accepta avec gratitude et s'empressa de les enfiler, tout en buvant à grandes gorgées son café, noir et sans sucre.
         - Elles sont parfaites. Bon, quand il faut y aller...
           Elle me sourit avant de sortir de la cuisine.
           Maman avaient convaincu les inspecteurs de laisser Papa l'accompagner, alors depuis le jardin, nous les regardâmes partir ensemble dans une voiture de police banalisée. J'avais appris à reconnaître ces voitures après la disparition de Sarah, quand elles étaient garées devant chez nous presque tous les jours : des berlines Ford à quatres portes, bleu foncé ou noires, sans plaques d'immatriculation.
         - Je ne supporte pas de la perdre de vue, admit Maman, les bras serrés autour de sa poitrine, au bord des larmes.
           Je comprenais ce qu'elle ressentait. La nuit précédente, j'avais été tentée de m'introduire dans la chambre de ma sœur, juste pour la regarder dormir, m'assurer qu'elle était bien dans son lit.
         - Tu sais, ses chaussures...
         - Qu'est-ce qu'elles ont, ses chaussures?
         - Rien, seulement elles ne lui vont plus.


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  • Un lapin peut changer une vie

     

    Auteur : Sandrine Kao
    Éditeur : Syros
    Date de parution : 8 février 2018
    Format : broché
    Genre / thématique : vie quotidienne, humour
    Tranche d'âge : à partir de 12 ans
    Nombre de pages : 210
    ISBN : 9782748525076

    Dans la famille Ribout, il y a...

    Agathe, l'aînée indomptable qui, par inadvertance, se retrouve molle comme une guimauve face à un garçon.

    Mais aussi...

    Paul, le père qui fait semblant d'aller travailler et n'ose avouer où il passe réellement ses journées.

    Emmanuelle, la mère qui préfère dessiner des plats mijotés que les cuisiner.

    Alicia, la cadette "première de la classe" devenue "paria" à cause d'une sombre histoire de poux.

    Et las but not least...

    Django, le lapin qui va tout changer!

    Merci aux éditions Syros pour leur confiance.

    Comme le laisse présager le résumé, ce livre est une saga familiale légère et pétillante. Pourtant, les membres ne sont pas dans une situation des plus joyeuses : le père n'a plus de travail depuis peu et la mère, illustratrice, n'est engagée dans aucun projet. La famille doit donc trouver un moyen de joindre les deux bouts.

    On suit un personnage différent à chaque chapitre, ce qui donne un bon rythme à la narration. Les titres des chapitres, construits sur une structure répétitive, donnent le sourire à eux seuls : "où Emmanuelle rend compte, devant une casserole de pâtes, de la situation catastrophique dans laquelle est plongée toute la famille", où Alicia se retrouve nez à nez avec un pou et perd son sang froid", etc. On dirait presque des épisodes composant une série télévisée. J'ai pris plaisir à suivre les aventures de cette famille : ils sont tous dotés d'un optimisme admirable malgré les déboires qu'ils vivent. La jeune Alicia n'en fait pas toujours preuve, mais je trouve que c'est ce qui la rend si adorable. Elle a des problèmes existentielles de petite fille qui paraissent dérisoires aux yeux des plus grands, ce qui ne l'empêche pas d'être déterminée à les résoudre.

    J'ai tout de même plusieurs regrets à propos de ce livre : tout d'abord, je n'ai pas trouvé que le lapin avait un rôle aussi important que le laissait présager le titre; j'écris cette chronique quelques semaines après la fin de ma lecture, et je dois avouer avoir très peu de souvenirs du petit animal. Enfin, la fin du livre est trop facile, rapide et, à mon sens, pas très crédible.

    Malgré ces points négatifs, je suivrai de près les prochaines œuvres romanesques de Sandrine Kao car le principal souvenir que je garderai de ce livre, c'est sa plume savoureuse.

     

    Note

      

         Keja, c'était une cancre. Quatre en maths, sept en français, et deux ans de plus que les autres... Elle faisait des fautes d'orthographe épouvantables et ne comprenait rien à rien aux problèmes. Elle jurait tout le temps et avait la réputation de tricher, en plaçant dans sa trousse des antisèches -ce qui, au vu de ses notes, ne semblait absolument pas fonctionner. Keja n'était pas non plus très présentable : ses habits ne sentaient ni le propre ni l'adoucissant; ils étaient usés et démodés, et provenaient certainement de la Croix-Rouge. Car Keja était une Rom. C'était une Manouche, une Tsigane, une Bohémienne, une Romanichelle, quoi! Leur campement se situait non loin de l'école, sur un terrain vague dévoré de mauvaises herbes. Alicia, elle, n'avait rien contre les Roms. Ça ne la dérangeait pas qu'ils squattent la friche. C'était même mieux qu'ils y soient, car on avait commencé à construire autour de grandes barres, des immeubles gris et affreux. Et comme elle préférait les herbes folles au béton, elle était plutôt contente qu'il y ait des caravanes plantées là et des promoteurs immobiliers frustrés. En plus, elle avait entendu dire que des lapins pullulaient dans la friche et elle adorait les lapins. Alors qu'on leur laisse cette aire de jeu!


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  • Hate List

    Auteur : Jennifer Brown
    Éditeur : Albin Michel
    Date de parution : 4 novembre 2010
    Format : ebook
    Genre/thématique : drame, renaissance
    Tranche d'âge : à partir de 15 ans
    Nombre de pages (en grand format papier) : 391
    ISBN (grand format papier) : 9782226239747
    ISBN (format numérique) : 9782226270009

    Lorsque Valérie franchit le seuil du lycée, elle sait que rien ne sera plus jamais pareil. Cinq mois plus tôt, Nick, son petit ami, a ouvert le feu dans la cafétéria de l'école, tuant une dizaine d'élèves avant de se suicider. Des élèves agaçants, pénibles et arrogants qui figuraient sur la liste que Valérie et Nick ont tenue pour se défouler. Pourquoi ce qui n'était qu'un jeu est devenu un drame ? Comment va-t-on accueillir son retour au lycée ?

    Est-elle aussi coupable que Nick ?

    L'originalité du roman est qu'on se place non pas du côté des victimes, ce qui aurait sûrement été plus facile à exploiter, mais du côté du coupable; ou du moins, d'une présumée coupable. Si Valérie n'a pas ouvert le feu sur ses camarades, elle n'en était pas moins la petite amie du tueur avec lequel elle avait rédigée la fameuse "liste de la haine" où figure les noms des futures cibles de la fusillade.

    A la lecture de cette histoire, on ne peut s'empêcher de prendre parti. Dès les premiers chapitres, j'ai considéré Valérie comme responsable, comme la majeure partie des gens qui la connaissaient. L'histoire commence alors qu'elle retourne pour la première fois dans son lycée, plusieurs mois après les événements, mais de nombreux flash-back habilement intégrés au récit permettent d'être témoin de la relation tendre entre l'héroïne et son petit ami Nick, mais aussi de la création de la "Hate List" engendrée par les agressions verbales et parfois physiques dont les deux amoureux faisaient l'objet. Nick, de son côté, n'est jamais décrit comme un monstre. Certes, il parlait régulièrement de son envie de voir certaines personnes mourir et Valérie l'approuvait, mais comment pouvait-elle imaginer que ces discours allaient provoquer un acte concret? On a tous, moi la première, déjà dit au moins une fois "je vais le/la tuer" sans jamais songer à mettre ces paroles à exécution. A la lecture de ce roman, je me suis sentie coupable d'avoir eu des mots aussi extrêmes...

    C'est le sentiment qui habite perpétuellement Valérie tout le long du roman. Elle n'a pas tiré, mais elle a engendré involontairement ce désir chez Nick. La honte et la culpabilité la dévorent. Au départ, elle ne souhaite pas être pardonnée par les autres lycéens, elle veut juste qu'on l'oublie. Mais cela, c'est bien avant de se rendre compte que le drame a fait des victimes au sein de sa propre famille. Je n'en dévoilerai pas plus à ce sujet pour ne pas trop vous raconter l'histoire. Cependant, j'ai été choquée et révoltée par un membre proche qui, inconsciemment ou pas, s'évertue à maintenir la tête de Valérie sous l'eau le peu de fois où il intervient dans sa vie. On peut penser que c'est auprès de sa famille que l'on peut obtenir le plus de soutien dans un moment pareil, mais ce n'est pas le cas ici. Car oui, peu à peu, on commence à réaliser la détresse de Valérie et à lui pardonner, voire même à la défendre (pour ma part, je me suis très vite rangée de son côté^^). Le chemin sera long pour se reconstruire et il faudra qu'elle accepte le soutien des gens qui la considèrent innocente et de se pardonner elle-même...

     

    Je vais résumer ce pavé en vous disant que c'est un roman fort, écrit avec une extrême justesse. On passe par tous les sentiments car on ne se sent plus simple spectateur; on est complètement immergée dans l'histoire de Nick et Valérie.

     

    Note

    [situation : la mère de Valérie est venue lui rendre visite à l'hôpital]

     

           - Où est Papa? ai-je fini par demander.
           - Il est rentré à la maison.
         La question sous-entendue était en suspens entre elle et moi, et je préférais ne pas la poser, jusqu'au moment où je me suis dit qu'elle n'attendait que ça.
           - Lui aussi, il pense que je suis coupable?
         Elle a pris la télécommande en dénouant le cordon.
           - Il ne sait plus quoi penser, Valérie. Il est rentré pour réfléchir. En tout cas, c'est ce qu'il prétend.
         Ah! La réponse était pire que la question, dans le genre sous-entendu. En tout cas c'est ce qu'il prétend.
           - Il me déteste.
           - Tu es sa fille. Il t'aime.
           - Tu dis ça par devoir. J'en suis sûre et certaine, Maman. Il me déteste. Toi, aussi, tu me détestes? Tu crois que le monde entier me hait?
           - Arrête de dire des bêtises, Valérie, m'a-t-elle répondu en se levant pour prendre son sac. Allez, je descends, je vais m'acheter un sandwich. Tu veux quelque chose?
         J'ai secoué la tête, et à peine était-elle sortie qu'une pensée m'a traversé l'esprit comme un flash. Elle n'avait pas répondu non.


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  • Libérez l'ours en vous

    Auteur : Carole Trébor
    Éditeur : Syros
    Année de parution : 2018
    Format : broché
    Thématique : théâtre, vie quotidienne
    Nombre de pages : 411
    Tranche d'âge : à partir de 12 ans

     Kolia nourrit un rêve depuis des années, celui de devenir comédien. La scène est le lieu où il se sent bien, lui qui a dû quitter brutalement la Russie, abandonnant tous ses repères. Lisa partage ce rêve, et elle sait mieux que personne combien il est difficile de croire en soi quand on n'est pas compris par ses parents.
    Ils ne sont pas les seuls du lycée pour qui le théâtre est l'espace de tous les possibles. Ce petit miracle s'accomplit grâce au regard aiguisé et bienveillant de Patricia, une femme à part, avec qui ils sont libres d'oser. Bien malgré elle, Patricia ne sera pas là cette année. Alors Kolia et les autres lui font cette promesse : The show must go on!

    Parce qu'il y a un ours qui bouillonne en vous, parce que c'est le moment où jamais de vous dépasser.

    Je tiens avant tout à remercier les éditions Syros d'avoir permis à quelques amoureux de littérature jeunesse de rencontrer plusieurs de leurs auteurs qui seront mis à l'honneur en ce début 2018. Carole Trébor était l'un de ces auteurs.

    Les personnages principaux de ce roman sont Kolia et Lisa, deux lycéens qui vouent une passion sans limite au théâtre. C'est même plus qu'une passion : une raison de vivre, un échappatoire, une ambition de carrière... Malheureusement, leurs parents respectifs ne le comprennent pas. Kolia vit une relation très tendue avec son père obnubilé par la grossesse de sa nouvelle femme, et les parents de Lisa semblent plus intéressés par les résidents de leur centre de réinsertion sociale que par la vie de leur trois filles. J'ai trouvé ce manque de communication parents/enfants extrêmement juste et très bien raconté par Carole Trébor. J'étais constamment révoltée par l'attitude du père de Kolia et nerveuse à chaque échange verbal. Les héros ne sont pas relégués au rang de simples adolescents en crise et les adultes sont loin de montrer l'exemple. Sur ce sujet, Carole Trébor a dit : "On écrit pour les ados parce qu'on les aime et qu'on les respecte. Mon idée, c'est de mettre de la joie et du possible dans des situations difficiles."

    Ces jeunes ne sont heureusement pas en guerre contre tous les adultes. En fait, ils portent une grande affection à leur professeur de théâtre, Patricia Valente. Cette relation forte est omniprésente et se ressent dans les échanges de mails et dans le désarroi qui habite tout le monde à l'annonce de l'absence de l'enseignante. Peut-être est-ce cette adulation qui va engendrer ces critiques acerbes et, à mon sens, injustifiées envers le remplaçant Christophe. Certes, Christophe est pointilleux alors que Kolia et ses camarades font du théâtre pour être libres et interpréter des rôles sans qu'on leur impose quoi que ce soit, mais j'ai vraiment détesté la haine que vomissait gratuitement le jeune acteur; ou bien c'est que je n'ai pas saisi l'origine de sa rancœur.

    Ayant pratiqué le théâtre pendant douze ans, les passages que j'ai préférés étaient ceux des répétitions et des échauffements. Je me suis revue avec mes anciens camarades en train de travailler ensemble et cela m'a donné le sourire. Il est évident que l'auteur connaissait son sujet. Le besoin viscéral qu'a la troupe de jouer pour évacuer toutes les frustrations quotidiennes se ressent à chaque chapitre, chaque description. Certes, certains passages sont confus car en plus de savoir reconnaître chaque membre de la troupe, on nous impose de connaître également les personnages de la pièce interprétée; mais la passion du théâtre est bien là et domine tout le livre. Et même s'il arrive aux acteurs de souvent douter, leur professeure bien-aimée et bienveillante reste présente, à l'autre bout du mail. Malgré son absence, c'est un personnage fort qui a une vraie présence et une importance cruciale dans l'histoire. J'ai aussi adoré l'importance des relations fraternelles : elles sont essentielles et toujours joyeuses dans la vie de Kolia et Lisa.

    Ce que je retiendrai de ce livre, c'est qu'il présente une histoire très humaine, avec des personnages bousculés qui ne rêvent que de vivre, d'exploser de joie et de bonheur. On sent que c'est le plus personnel des romans de Carole Trébor qui trouve encore le moyen d'introduire une référence à la Russie (une récurrence originale dans ses livres). C'est également un joli clin d’œil à son fils comédien.

     

    Note

           - Alors, je suis beau?
           - Magnifique! T'es paré pour t'inscrire au club handball du lycée avec Samia!
           - Quoi? Elle veut faire du hand cette année?
           - Oui, à la place du théâtre.
           - Ah! Merde...
         Il se laisse tomber sur le lit de Lisa, ses yeux noisette sont tristes, mais elle sait comment lui changer les idées.
           - Veux-tu qu'on fasse une lecture de la pièce que Patricia souhaite qu'on travaille pendant son absence? lui propose-t-elle, plein d'entrain.
           - Elle veut qu'on travaille sur une pièce?
           - Mais oui! T'es sérieux? Tu n'as pas lu son mail en entier ou quoi?
           - Non, soupire-t-il,je n'ai pas pu aller jusqu'au bout, désolé, je... Sa maladie, ça m'a...
         Kolia se met à contempler le sol, et sa fragilité saute aux yeux de Lisa. Pour une fois, il ne se cache pas derrière ses talents d'animateur, capable de mettre l'ambiance partout où il passe. Lisa saisit son ordinateur : 
           - Tu t'es arrêté où? lui demande-t-elle calmement.
           - A la mauvaise nouvelle.
           - Ok, je te lis la suite, c'est important que tu entendes l'intégralité de son message.


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