• Pierrot et Miette

     

    Auteur : Sophie de Mullenheim
    Éditeur : Fleurus
    Date de parution : 13 avril 2018
    Format : relié
    Genre / thématique : historique
    Nombre de pages : 216
    Tranche d'âge : à partir de 9 ans
    ISBN : 9782215135869

     

    - Tu as mal? s'angoisse le garçon en se penchant vers Petit Père. Quelqu'un t'a fait mal? [...]
    Le vieil homme tend la main et la pose sur l'épaule de son petit-fils avec tendresse.
    - C'est Miette... dit-il d'une voix éteinte.
    Pierrot pâlit.
    - Ils l'ont emmenée... Les soldats. [...] Ils m'ont dit qu'ils avaient besoin des chiens, de tous les chiens... Sur le front. Dans les tranchées. Pour passer des messages. Je n'ai rien pu faire, mon Pierrot. Rien...
    Pierrot ferme les yeux, incapable d'articuler le moindre mot. Puis, tout à coup, il s'arrache à l'étreinte de son grand-père et sort de la maison en hurlant.
    - Miiiieeeetttttte !
    La guerre vient de lui prendre sa meilleure amie.

    Vous aussi, rien qu'à ce stade, vous vous dites "ouh la, il faut que je prépare les mouchoirs"? J'étais dans cet état d'esprit en commençant la lecture.
    La séparation évoquée dans le résumé a lieu dès le premier chapitre. Nous n'assistons à aucune scène entre le petit héros et son chien, mais cela n'enlève rien au déchirement et au choc qui en découlent. Nous allons donc suivre en parallèle le parcours de Miette emmenée au front, et celui de Pierrot, orphelin élevé par son grand-père, déterminé à la retrouver.
    Par le biais de cette belle histoire d'amitié, l'autrice met en lumière le quotidien des soldats français durant la première guerre mondiale. Pataugement dans la boue des tranchées, manque des familles, combats, blessures, mais aussi camaraderie, entraide et solidarité. L'autrice parvient à détourner les éléments violents avec des scènes plus joyeuses et attendrissantes; tout ceci dans un rythme dynamique. Les pages défilent à grande vitesse (le désir irrépressible de savoir s'il va arriver malheur à la chienne y est aussi pour beaucoup).
    On s'attache à tous les personnages, aussi bien les deux héros que les personnages secondaires. Chacun véhicule de très belles valeurs.
    Sophie de Mullenheim nous offre une belle et grande aventure historique placée sous le signe de l'amitié. A l'instar de Belle et Sébastien, ces deux acolytes seront adorés par chaque lecteur.

     

    Note

         - Mais je croyais qu'on devait trouver un nouveau cantonnement, s'alarme Cyprien. On ne devait pas aller en première ligne avant plusieurs jours! Ils me l'avaient dit! Pas en première ligne avant plusieurs jours...
          - Ça, sourit Petit Beurre, amer, c'était avant que les Allemands ne percent nos lignes. A la guerre, on ne peut jamais rien te promettre. Pas même de rentrer chez toi vivant.
         Le visage de Cyprien prend une teinte de cendre. Les derniers mots de Petit Beurre le terrifient. Il panique. La sueur perle sur son front. Sa vue se trouble. Il sent ses mains devenir moites.
          - Calme-toi, petit, lui souffle Petit Beurre qui s'en veut d'avoir trop vite parlé. Ce n'est pas aussi épouvantable qu'on le dit, la première ligne. Regarde-moi, j'en suis bien revenu! ajoute-t-il penaud, pour se rattraper. [...]Ne t'occupe pas du chien. Son dressage devient le cadet de nos soucis. Mais c'est maintenant que nous allons voir si tu as faut du bon travail.
         Cyprien se calme peu à peu. Il est reconnaissant à Petit Beurre de s'occuper si bien de lui. Après tout, personne ne lui a rien demandé et il a directement pris le jeune homme sous sa protection.
          - Tu entends ça, Miette, dit-il en se penchant sur la chienne pour la caresser. Il va falloir faire nos preuves.


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  • Qui ment?

    Auteur : Karen M. McManus
    Éditeur : Nathan
    Format : broché
    Date de parution : 22 mars 2018
    Genre /thématique : policier
    Nombre de pages : 464
    Tranche d'âge : à partir de 12 ans
    ISBN : 9782092575215

    5 lycéens - 1 mort = 4 suspects
    Tous cachent un secret
    Qui ment?

    Browyn l'intello, Cooper le sportif, Nate le délinquant, Addy la reine de beauté et Simon le gossip boy se retrouvent en retenue un après midi.
    Seulement, ce dernier ne ressortira jamais vivant de cette heure de colle... Et les enquêteurs en sont sûrs, sa mort n'est pas accidentelle.
    Browyn, Addie, Nate et Cooper deviennent les principaux suspects du meurtre lorsqu'on découvre un article écrit par Simon contenant des révélations sur chacun d'eux.

    Jusqu'où sont-ils prêts à aller pour protéger leurs secrets?

     Si on en croit le titre et le résumé, l'histoire met en scène une enquête stressante et angoissante au cœur d'un lycée. C'est effectivement le cas; cependant, le tout est édulcoré par les récits souvent trop longs du quotidien des quatre principaux suspects. Bien entendu, le bad boy n'a ni famille ni amis, l'intello est remplie de principes, la reine de beauté n'est rien sans son petit ami et le sportif a un père trop exigeant. Bref, dans la première partie du livre, au sein de ce lycée huppé sorti d'un univers à la Gossip Girl, les personnages sont loin d'être surprenants et attachants. Et surtout, l'histoire manque cruellement d'action! Cela va évoluer peu à peu et plusieurs personnages vont être mis en lumière, mais hélas au détriment des autres. J'ai trouvé Cooper et Addy inintéressants.

    L'écriture est simple, tout comme le vocabulaire. Mais l'écriture à la première personne m'a dérangée. Il y quatre "je" différents, et par conséquent, quatre vies de familles différentes, quatre cercles d'amis différents, etc. Cela créé de la confusion.

    Il y a pourtant une chose que je dois reconnaître : malgré toutes les suppositions que j'ai faites tout au long de l'histoire, je n'ai jamais deviné la vérité. Cette fin rattrape le reste du roman, car il ne faut garder en tête que son principal sujet est l'enquête sur le meurtre de Simon. La romance qui s'invite au milieu de tout ce chaos est également agréable à suivre.

    Ce livre est donc un roman policier correct mais il aurait gagné en intensité de façon significative si la personnalité des protagonistes avait été plus travaillée.

     

    Note :

           "Tout le monde a pu observer la drague entre TC notre jolie et gentille allumée de service et GR le nouveau mec plein de fric. Mais qui aurait cru que ça pouvait devenir sérieux? Visiblement pas le petit ami de TC, tranquillement assis sur les gradins au match de samedi pendant qu'elle se faisait tripoter juste en dessous. Désolé, JD. Toujours le dernier au courant.

           Le truc avec Askip, c'est qu'on peut quasiment être sûr que tout est vrai. Simon l'a créée en seconde après les vacances de Pâques, en revenant d'une espèce de stage de codage hors de prix dans la Silicon Valley. Il ne laissait personne poster quelque chose dessus.
           Il avait des sources dans tout le lycée et il était sélectif et prudent sur ce qu'il publiait. La plupart des gens concernés niaient l'info ou se contentaient de l'ignorer, mais il ne se trompait jamais.
           Il ne m'avait jamais prise pour cible. Je suis bien trop clean pour ça. Il n'y a qu'une seule chose que Simon aurait pu écrire sur moi, et il lui aurait été presque impossible de l'apprendre.
           Et maintenant, il ne risque plus de le faire.


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  • La légende des quatre, tome 1

    Auteur : Cassandra O'Donnell
    Éditeur : Flammarion Jeunesse
    Date de parution : 14 mars 2018
    Format : broché
    Genre/thématique(s) : fantastique, aventure
    Tranche d'âge : à partir de 12 ans
    Nombre de pages : 352
    ISBN : 9782081394254

    Ils sont quatre, héritiers de leurs clans...
    Ils doivent s'unir pour survivre.

    Loup; tigre, serpent et aigle : quatre clans ennemis. Les Yokaïs, créatures tantôt humaines, tantôt animales, vivent dans une harmonie fragile. Sur la terre des humains, la tension est palpable : Maya, l'héritière du clan des loups, et Bregan, du clan des tigres, sont les garants de la paix. Mais pourront-ils résister à leur instinct profond pour sauver leurs tribus?

    Nous voilà face à un roman qui "envoie du lourd"! Il regroupe différents éléments qui en feront une série de référence : de l'aventure, de la magie, des animaux; et qui véhiculent des valeurs telles que le courage et la solidarité.

    L'histoire se passe dans un monde post-apocalyptique, après qu'une guerre opposant les Yokaïs aux humains aient été perdue par ces derniers. Ils ont alors subi une régression technologique et été privés de tout objet ressemblant à une arme. Depuis, une paix fragile règne entre les deux espèces, mais aussi entre les quatre clans de Yokaïs. Interdiction pour eux de se mêler, de se parler, malgré l'unique établissement scolaire de la ville qui obligent les adolescents à tous se côtoyer. Mais quand un loup, puis un tigre sont retrouvés assassinés, les héritiers des quatre clans Yokaïs vont s'unir pour éviter la guerre et débusquer les traîtres.

    Quel clan aura votre préférence? Les loups solidaires, les tigres féroces, les aigles sages ou les serpents rusés? 

    Difficile de faire un choix car les quatre héros sont terriblement attachants, tout particulièrement Maya et Bregan. On regrette parfois qu'il n'y ait pas une pause dans l'action pour qu'on puisse s'arrêter d'avantage sur ces personnages. Mais le temps est compté, et l'urgence et la tension se ressentent parfaitement dans le récit. Les deux autres protagonistes, Nel et Wan, sont plus discrets dans ce premier tome, mais il est certain qu'ils auront leur moment de gloire par la suite. En attendant, leurs chamailleries sont les bienvenues dans cette mission si périlleuse. Les combats engendrent parfois des scènes sanglantes (d'où le fait que je conseille ce livre à partir de 12 ans), mais ils sont surtout palpitants et dynamiques, au point où on craint pour la vie de nos héros.

    Pour résumer, "le clan des quatre" est un roman pêchu et addictif qui plaira assurément à un large public. J'attends déjà le tome 2 avec impatience!

     

    Note

         - Tu as besoin de te défouler? Très bien, je suis à ton service. Mais promets-moi que tu accepteras de me parler ensuite...
         Bregan n'avait aucun désir de se battre, mais il n'existait malheureusement pas d'autre choix : Maya n'était plus en état de se contenir et sa bête était prête à surgir. Il pouvait pratiquement en sentir l'odeur sur sa peau et l'air autour de lui avait grimpé d'une bonne dizaine de degrés. Ravaler sa louve et revenir en arrière était, à ce stade, pratiquement impossible.
         - "Ensuite"? Il n'y aura pas d'"ensuite" pour toi, Bregan, je vais t'étriper, cracha Maya tandis qu'une sensation de fourmillement envahissait ses jambes puis le reste de son corps.
         - J'ai hâte de voir ça, petite louve, j'ai hâte de voir ça, répondit-il en souriant.
         Maya lui jeta un regard mauvais, se déshabilla, puis, sentant sa peau et ses muscles s'étirer, elle se laissa tomber à terre en hurlant. Ses os craquèrent, son visage et sa mâchoire s'allongèrent, ses dents se transformèrent en crocs et sa peau diaphane se recouvrit d'une épaisse fourrure blanche. Une fois le changement terminé, elle cligna des yeux en regardant ce monde étrange dénué de rouge ou de vert, mais teinté de subtiles nuances brunes, grises et noires inconnues de l’œil humain. Puis elle se tourna vers Bregan, ou plutôt vers la créature de cauchemar qui l'avait remplacé, en poussant un terrible grondement.
         "Allez, montre-moi comment tu te débrouilles ma belle", songea Bregan amusé, en dévoilant des crocs d'au moins 20 centimètres.


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  • Les colocs

    Auteur : Sarah Morant
    Éditeur : Hachette Romans
    Date de parution : 28 février 2018
    Format : broché
    Genre/thématiques : vie quotidienne, humour
    Nombre de pages : 350
    Tranche d'âge : à partir de 12 ans
    ISBN : 9782016269220

    Quand sa cousine-et-colocataire décide de partir un an à l'étranger, Cassandre est bien embêtée. Il est hors de question qu'elle retourne chez ses parents. Par chance, sa cousine lui dégote le colocataire parfait! Ou pas... Car la personne qui se présente à sa porte n'a rien du coloc rêvé. Pire, Alden est tout ce que Cassandre déteste. Et vice, versa. Il déplace ses affaires sans la prévenir; elle refuse la moindre tâche ménagère. Il invite ses amis à l'improviste; elle organise des soirées dans leur appart quand il aimerait dormir. Ils ne sont d'accord que sur une seule chose : leur incompatibilité. Vite, des disputes éclatent et la colocation devient invivable. Pour essayer d'apaiser l'atmosphère, Alden propose de poser des règles. Chacun son tour, ils inscriront sur une feuille une loi à ne jamais transgresser. Et plus les jours passent, plus Alden et Cassandre découvrent qu'ils sont peut-être, tout compte fait, des colocataires parfaits...

    J'ai décidé de lire ce roman en reconnaissant le nom de Sarah Morant; son premier livre, Timide, ne m'avait absolument pas plu (voir ma chronique), mais j'avais envie de voir s'il y avait possibilité de me réconcilier avec l'auteure.

    L'histoire de base est très simple : la cohabitation forcée de deux jeunes gens aux caractères opposés. Ceci aurait pu vite tomber dans la facilité et se transformer en une simple romance comme on en voit des centaines aujourd'hui; mais cela n'est pas le cas. Désolée pour vous si vous espériez ce genre de scénarios, mais Les Colocs est une histoire d'amitié; une amitié fille/garçon qui plus est. J'ai énormément apprécié ce choix de la part de l'auteure car je trouve que c'est une thématique peu exploitée en littérature. Dès que les deux héros d'une oeuvre sont de sexe opposé, il y a 99% de chance que cela finisse en romance; mais pas ici. Donc merci, Sarah Morant car c'est une notion en laquelle je crois profondément. Mais que les lecteurs fleur bleue ne s'attristent pas : il est tout de même question d'amour dans un second plan.

    La deuxième facilité que l'auteure a évité, c'est de faire de la demoiselle le personnage calme et studieux et du jeune homme le trouble-fête. Mais ici, Cassandre est une fainéante (tant pour les études que pour les tâches ménagères) qui boit tous les soirs ou presque et qui râle constamment; bref, une vraie chieuse que vous allez adorer détester. Alden est plus sérieux, plus calme et plus responsable. Mais attention, il a du répondant et certaines situations entre les deux colocataires sont savoureuses à lire. De manière générale, les dialogues sont bien construits et prennent une place importante dans le livre. On prend plaisir à voir les liens se tisser entre tous les personnages. J'aime particulièrement le petit rituel du règlement sur le réfrigérateur.

    Malgré un peu trop de bons sentiments à mon goût (surtout dans les passages avec la famille de chacun), c'est un roman frais et pétillant sur le thème de l'amitié, de la tolérance, du passage à l'âge adulte. Même en n'ayant jamais vécu en colocation, vous pourrez vous reconnaître dans les personnages et leur quotidien. Je referme ce livre comblée  et sans plus la moindre rancune envers Sarah Morant.

     

    Note

         Le lendemain, je me réveillai avec un grognement. Je jetai un coup d’œil à la porte de ma chambre ouverte sans parvenir à me rappeler si elle avait été fermée la veille. Et peut-être que j'étais un peu parano, mais lorsqu'on vivait avec un poison de la taille de Cassandre Damps, on apprenait à se méfier...
         Cette dernière m'attendait d'ailleurs dans la cuisine, le pot de Nutella vide dans une main et la cuillère encore dans la bouche.
         - Allez, Cassie, t'abuses, grommelai-je voyant que je n'avais plus rien à étaler sur mes tartines.
         - Fallait être levé le premier, Picasso.
         - Je saurai te rappeler cette règle.
         - Arrête de te plaindre, il y a du fromage dans le frigo, se moqua-t-elle, et son rire redoubla lorsqu'elle vit ma grimace.
         - T'es chiante.
         Elle se contenta de me répondre par un petit sourire énigmatique sans rien ajouter, et je trouvais ça drôlement suspect.
         - Je vais attendre que tu reviennes des courses pour déjeuner, lâchai-je en me dirigeant vers la salle de bain, et son gloussement m'alarma.
         C'est alors que je me retrouvai devant le grand miroir au-dessus de notre lavabo, et que je remarquai l'espèce de graffiti immonde qui me décorait le front.
         - Espèce de sale gamine, lui hurlai-je en ouvrant brusquement la porte.


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  • Les ombres de Julia, tome 1

    Auteur : Catherine Egan
    Éditeur : Milan
    Date de parution : 7 mars 2018
    Format : broché
    Genre/thématiques : fantastique
    Nombre de pages : 382
    Tranche d'âge : à partir de 12 ans
    ISBN : 9782745986672

    Julia a la capacité inhabituelle de se rendre invisible.

    Un pouvoir dangereux dans un monde où la magie est interdite, et où les sorcières sont pourchassées et noyées en public.

    Mais un pouvoir très utile pour une voleuse et une espionne.

    Car Julia en est une. La meilleure. Et elle l'a bien compris : le crime paie.

    Amateurs d'histoires étranges et originales, soyez les bienvenus. Il est question dans ce roman de chasse aux sorcières, de meurtres en série et autres mystères dans un monde fantastique avec quelques détails empruntés à l'univers steampunk.

    Comme expliqué dans le résumé, Julia est une jeune adulte travaillant au sein d'une bande de malfrats. Elle se fait passer pour une domestique dans une maison bourgeoise où un mystérieux commanditaire lui a demandé d'espionner. Cette héroïne, bien que malhonnête, a un sacré sang-froid, un peu de tempérament et surtout la volonté de faire sortir son frère estropié et elle-même de la misère dans laquelle le passé de sorcière de leur défunte mère les a plongés. Même si elle agit seule, elle ne peut s'empêcher de s'échapper régulièrement de la riche maison pour retourner dans les quartiers populaires où se cachent son frère, son compagnon et les autres membres de sa bande qu'elle considère comme sa famille. Les rapports et les dialogues entre ces personnages sont très plaisants à lire; Julia y baisse complètement sa garde pour dévoiler ses faiblesses.

    Quand elle est en mission, c'est autre chose. La demeure de madame Och est habitée par de nombreux personnages tous aussi différents les uns des autres (scientifiques, domestiques, maîtresse de maison) que Julia va devoir subtilement interroger. Le tueur en série qui terrorise la ville se cache-t-il parmi eux? Qui est cette jeune femme qui est arrivée avec son bébé?

    Suivre le quotidien rythmé de Julia/Ella est intéressant et intrigant. Elle doit jongler entre ces deux groupes de personnes, entre sa mission et ses problèmes personnels. Bien entendu, elle va s'y perdre... Il y a dans cette histoire un univers riche, foisonnant de personnages, de légendes et d'intrigues; et tout est limpide, on ne se mélange jamais les pinceaux. Chaque personnage, qu'il ait une grande importance dans le récit ou non, a une personnalité approfondie; c'est quelque chose que j'ai énormément apprécié dans ma lecture. De son côté, Julia est une héroïne forte qui essaie de rester la tête hors de l'eau malgré les révélations qu'elle apprend et ses convictions ébranlées. Il est simplement dommage que toutes les vérités ne soient pas avouées dans un climat plus oppressant, avec plus de tension; le livre en aurait été parfait. La fin est néanmoins dynamique et réussie, et fait naître l'envie irrépressible de connaître la suite des aventures de Julia.

    Ce livre vous fera passer un excellent moment de lecture. Je le conseille très vivement à ceux qui ont envie d'une aventure inédite et originale, sans élément qui fasse penser à des dizaines d'autres romans.

     

    Note

         - J'ai vu une fille mort près du temple de Cyrambèle, leur dis-je, et je répète ce que la vieille m'a raconté.
         - La pauvre, dit Esmée en m'apportant une tasse de café fumante. Cette ville est dangereuse pour une fille seule. Sois raisonnable, ma Julia. Je ne veux pas apprendre un jour que tu es sans vie sur un pont.
         - Ça ne pourrait pas m'arriver, dis-je, en frappant la botte où je cache mon couteau.
         - Ça ne t'arrivera pas parce que tu sera maligne et que tu éviteras d'aller te promener seule le soir, réplique Dek en me dardant d'un regard dur. Non parce que tu as un couteau de quinze centimètres si bien rangé dans la doublure de ta botte qu'il te faudrait cinq minutes pour le sortir.
         - Vint-deux centimètres, rectifié-je avec un grand sourire. Et regarde.

         Je pointe le couteau à l'instant même où il se précipite vers moi, me retournant le poignet. Dans un fracas, le couteau heurte le sol et je renverse mon café.

         - Sacré nom de Kaghé, Dek, détends-toi! crié-je.

         Il respire fort, sa jambe estropiée tordue sous lui. Esmée glousse, sirote son café.

         - Julia, dit-il lentement, je te demande d'être futée. D'être prudente.
         - Je
    suis prudente, rétorqué-je, le repoussant.

         Mais je ne suis que légèrement en colère. Il s'inquiète pour moi, je le sais, et en vérité, je me sens protégée du fait qu'il s'inquiète. Comme si son amour pouvait me protéger. On me croirait plus lucide : l'amour ne protège personne. Mais c'est mon grand frère et il s'inquiète pour moi, voilà.


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