• Animosity, tome 1

    Scénario : Marguerite Bennett
    Dessin : Rafael De La Torre
    Éditeur : Snorgleux Comics
    Année de parution : 2017
    Genre : comics indépendant
    Nombre de pages : 136

    Un jour, les animaux se sont éveillés.
    Ils ont commencé à penser.
    Ils ont commence à parler.
    Ils ont commence à se venger.

    Le "réveil" des animaux a plongé le monde dans le chaos. Alors qu'une minorité d'entre eux cherchent une solution pacifique pour cohabiter avec les humains, d'autres engagent une guerre sans merci.
    New York ; au milieu de la tourmente, Jesse, une fillette de 11 ans, et son fidèle chien Sandor, partent à la recherche du frère de Jesse qui vit à San Francisco.
    Même si le voyage semble périlleux, rien n'aurait pu les préparer à ce qui allait arriver...

    Ayant eu une mise en bouche fort intéressante lors du Free Comic Book Day, je me suis jetée sur ce comics à sa date de sortie.
    J'ai été séduite par la couverture, puis par le dessin en général. Les couleurs sont vives, le trait est net et les personnages très expressifs (humains comme animaux). Ce qui est également captivant, c'est l'urgence du début, la soudaineté de la transformation des animaux, leur agressivité et le danger de mort qui en découle.
    Malheureusement, ce rythme soutenu s’essouffle très vite et même si on retrouve plus tard quelques scènes d'action, la première est indéniablement la plus aboutie. La fragile Jesse et son fidèle Sandor prennent la route au milieu du chaos et rencontrent à tour de rôle des êtres agressifs et d'autres pacifistes. La limite entre les deux camps n'est pas toujours claire et certaines conversations sur ce sujet sont confuses (et le dessin aussi par moment).On décroche à plusieurs reprises mais la ligne principale du récit reste identifiable.
    On croise pas mal de personnages et pourtant chacun se démarque des autres. C'est intéressant de constater que malgré le fait qu'ils possèdent dorénavant une conscience humaine, les animaux gardent -inconsciemment ou non- des réactions liées à leur race animale : les carnivores combattent (hormis un koala qui s'est glissé parmi eux), les herbivores s'occupent plutôt de la gestion des camps et du ravitaillement. Jesse, quant à elle, garde perpétuellement son innocence de petite fille. On sent qu'en l'absence de Sandor, elle ne survivrait pas longtemps.
    Les flash-back ne m'ont pas paru d'une grande utilité mais peut-être qu'ils prendront tout leur sens par la suite. Dans tous les cas, la vignette finale intrigue et ouvre sur une suite où tout est possible. Les couvertures alternatives qui terminent le livre permettent de savourer une dernière fois l'ambiance sombre de l'histoire et le talent des dessinateurs de comics.

    Pour résumer, malgré des confusions dans le scénario, l'idée de départ de ce comics est originale. Le prochain tome permettra de juger la série plus précisément.

     

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     Animosity, tome 1

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  • 40 éléphants

    Scénario : Kid Toussaint
    Dessin : Virginie Augustin
    Éditeur : Bamboo
    Collection : Grand Angle
    Année de parution : 2017
    Genre : BD Adulte
    Nombre de pages : 56

    Le crime est une affaire de professionnelles.
    Londres 1920. Elles sont quarante. Voleuses, tueuses, kidnappeuses, cambrioleuses, proxénètes... Issues des divers milieux de la société, elles ont fait du crime leur affaire et se sont associées pour plus d'efficacité. Lorsqu'arrive Florrie « doigts de fée », jeune pickpocket talentueuse, toute l'organisation se révèle fragile et une lutte interne risque d'éclater. Le moment est mal choisi, car les éléphants doivent faire face à une police de plus en plus performante et à un gang masculin rival reconstitué et bien décidé à reprendre son territoire.

    J'aime énormément la collection "Grand Angle" qui présente régulièrement des scénarios solides et palpitants, et des planches avec une ambiance très marquée.
    40 éléphants ne déroge pas à la règle. On découvre les bas fonds et les petites ruelles de Londres dans les années 20, avec son lot de voyous au masculin comme au féminin. La jeune Florrie intègre un gang exclusivement féminin dirigée par l'impitoyable "Queen Kate" qui se dispute les différents quartiers de la ville avec d'autres gangs. On est plongé dans l'action dès les premières vignettes, le rythme accéléré est d'ors et déjà installé. Bien que novice, Florrie apparaît comme un personnage courageux qui a bien des choses à révéler... Elle lie vite amitié avec Esther, mère de famille qui doit rembourser "Queen Kate". Bien qu'extrêmement soudé au départ, le groupe finit par montrer des failles dont Florrie tente de comprendre la raison.
    J'aime ces histoires de femmes fortes et indépendantes. La grande majorité sont loin d'être des enfants de chœur et certaines ne montrent pas la moindre compassion. Les alliées d'aujourd'hui peuvent vite devenir les ennemies de demain. On ressent constamment le danger que chacune représente et la tension qui règne. Les visages sont très expressifs, les regards durs. Malgré le risque de se faire prendre par la police ou de se faire attraper par un autre gang, on découvre rapidement que le plus gros danger vient de l'intérieur du groupe de femmes. Les masques tombent peu à peu et les sentences sont exécutées...

    J'ai passé un très très bon moment de lecture et j'ai hâte de découvrir la suite des aventures du groupe, et plus particulièrement de Florrie. Même si en matière de dessin je préfère des traits plus précis, j'adore les couleurs ocres qui font ce côté rétro. Une BD que je conseille fortement à tous, hommes et femmes, pour toutes les palpitations qu'elle procure.

     

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    40 éléphants, tome 1

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  • Journal d'un enfant de lune

     

    Texte : Joris Chamblain
    Dessin : Anne-Lise Nalin
    Éditeur : Kennes
    Année de parution : 2017
    Genre : BD tout public
    Nombre de pages : 56

    Morgane a seize ans. Elle vient d’emménager dans une nouvelle maison, avec ses parents et son petit frère. Tandis qu’elle déballe ses cartons, elle retrouve un journal intime caché derrière un radiateur. C’est celui de Maxime, un jeune homme de dix-sept ans, qui y raconte son étrange maladie qui l’empêche de vivre à la lumière du jour. C’est un enfant de la lune... Elle va le lire et vibrer à ses mots et n’aura alors plus qu’une seule idée en tête: retrouver la trace de Maxime pour lui rendre son journal oublié. Ses pas la conduiront bien plus loin qu’elle n’aurait pu l’imaginer...

    Le nom de Joris Chamblain ne vous dit rien? Impossible! Si vous lisez un peu de BD, vous connaissez certainement la série des "Carnets de Cerise" (dont le tome 5 sort fin novembre!). Accompagné d'Anne-Lise Nalin, illustratrice de plusieurs romans jeunesse, il nous propose une BD one-shot sur un sujet délicat.

    Morgane est une adolescente tout ce qu'il y a de plus insupportable : boudeuse, colérique, méprisante, à la limite de l'insolence... Bref, une ado. Mais elle perd tout ses moyens en commençant la lecture du journal de Maxime, dont elle tombe vite sous le charme. Dans ses écrits, le jeune homme explique sa maladie, sa différence, son mal-être dès le plus jeune âge qui n'a fait que s'intensifier en grandissant, les difficultés financières de ses parents dont il se sentait responsable, etc. C'est très touchant de connaître l'intimité de cet "enfant de la lune" et les conséquences que sa maladie a sur son quotidien, son moral et ses relations sociales.
    A partir de là, l'histoire se transforme en enquête, Morgane n'ayant de cesse de trouver celui qui a touché son cœur. Cette aventure la fera grandir et changer à jamais...
    Même si Morgane m'a mise hors de moi au début de l'histoire, je dois reconnaître que son idylle soudaine m'a fait sourire; preuve flagrante des changements d'humeur constant des ados (que je me rappelle avoir vécu...) et de leur façon de prendre tout à cœur. Morgane s'est donnée une mission et elle est bien déterminée à la mener à bout. Alors qu'on sent Maxime sombrer peu à peu à travers son carnet, Morgane ne cesse de gagner en joie de vivre et en optimisme. C'est émotionnellement intense. Pour contrebalancer, Lucie, la meilleure amie de Morgane, est là pour donner une note plus légère à l'histoire. J'ai beaucoup aimé ce personnage.

    Concernant le dessin, le style est simple et agréable, les couleurs vives. J'aime beaucoup la représentation des scènes qui se déroulent sur le toit de la maison. Les flash-back concernant Maxime sont également très réussis.

    Cette BD honore les enfants de la lune et appelle à la solidarité et la tolérance. Pour information, une partie des bénéfices des ventes sera reversée à leur association. Une très belle initiative.

     

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     Journal d'un enfant de lune

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  • Shelton & Felter, tome 1

     

    Dessin / Scénario : Jacques Lamontagne
    Couleurs : Scarlett Smulkowski
    Éditeur : Kennes
    Année de parution : 2017
    Genre : BD adulte
    Nombre de pages : 56

    Boston, États-Unis, 1924. Isaac Shelton est un ex-boxeur, jeune journaliste à la plume encore mal dégrossie, qui traque le fait divers à la recherche du scoop qui pourrait booster sa carrière. Thomas Felter est quant à lui un libraire d'un certain âge, vivant seul avec ses chats, grand amateur de littérature policière et qui a aiguisé à travers ses lectures un esprit analytique hors du commun. Quand Shelton rencontre Felter, le premier convainc le second de l'aider à résoudre les grands mystères de la ville, ce qui lui permettra de pondre l'article qui fera de lui un journaliste reconnu.

    Le duo d'apprentis détectives présenté dans cette nouvelle série BD reprend des schémas très classiques : Thomas Felter est "la tête" : un petit libraire aux journées réglées comme du papier à musique, hypocondriaque et esclave de ses nombreux chats; Isaac Shelton est "les muscles" : ancien boxeur reconverti dans le journalisme, dont les fins de mois sont des plus compliquées. J'ai tout de même un petit coup de cœur pour Felter et ses petites manies. Shelton a une personnalité plus classique et on connaît peu de choses sur lui pour le moment; à mon sens, c'est le moins légitime des deux enquêteurs, même si sa motivation pour écrire un brillant article n'est plus à prouver.

    Habituellement, je ne suis pas attirée par les livres policiers, mais j'avais envie de lire quelque chose qui sorte de mes genres de prédilection.
    L'histoire se passe dans les Etats-Unis des années 20, en plein milieu de la Prohibition (interdiction de vendre de l'alcool). Ce contexte est habilement exploité dans la BD, ainsi qu'un événement historique moins connu mais pourtant avéré : l'inondation de la mélasse à Boston en 1919. Toutes ces vraies anecdotes brillamment utilisées donnent naissance à une enquête solide et palpitante qui tient en haleine du début jusqu'à la fin. Certaines planches font croire qu'on pourrait basculer dans le fantastique mais il n'en est rien (dans cette première affaire en tout cas). Je n'ai vraiment pas vu le temps passer durant ma lecture et j'ai hâte de retrouver prochainement nos deux héros.

    Un cahier graphique est disponible à la fin de la BD avec différentes anecdotes sur la création de la BD et les nombreux déboires qu'a subit Jacques Lamontagne. Vous pourrez également admirer la splendide couverture qu'il a colorisée, mais finalement abandonnée car trop en décalage avec la technique de coloration des planches de Scarlett Smulkowski.

    Cette BD est une belle surprise et un coup de cœur! J'espère que la suite sera tout aussi réussie.

     

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    Shelton & Felter, tome 1

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  • Au taf

    Texte / Dessin : Vaïnui de Castelbajac
    Éditeur : Delcourt / Tapas
    Année de parution : 2017
    Genre : BD humour
    Nombre de pages : 128

     Recrutements, réunions, fusions, fêtes de fin d'année, collègues envahissants, Vaïnui invente un quotidien absurde qui fait pourtant écho à des situations bien réelles. On s'amuse des aventures et mésaventures d'un patron impitoyable et de ses employés malmenés, et de leurs échanges francs et grinçants ! Mais la partie bonus, "Bêtes de travail", consacrée aux animaux, déborde de tendresse !

    Les patrons tyranniques ont enfin droit à leur BD!

    Même si votre patron est un amour et que vous ne vous sentez pas concerné par le sujet principal de cette oeuvre, vous vous reconnaîtrez peut-être dans l'addiction à la machine à café ou dans les réunions qui partent dans tous les sens. On a bien évidemment affaire à de l'humour noir agrémenté de beaucoup de cynisme. Le tout est extrêmement drôle. Certes pages, en juste un dessin et une phrase, donnent immédiatement le sourire.

    Pour ceux qui ne seraient pas adeptes de cet humour avec critique des conditions de travail sous-jacentes, la dernière partie du livre présente le même type de gags mais adapté aux animaux. On est beaucoup plus dans l'absurde, mais me concernant, c'est toujours aussi efficace, voire encore plus.

    Les décors de bureau sont facilement reconnaissables, les dessins proches de la caricature, et le contour des vignettes comme tracé à main levée donne un effet léger, non conformiste.

    Pour moi c'est le genre de livre humoristique diablement efficace et dont je ne me lasserai jamais. Et je ne me plaindrai plus jamais de mes conditions de travail!^^

     

    Note

    Au taf

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