• Les Pluies, tome 1

    Les Pluies, tome 1

    Auteur : Vincent Villeminot
    Éditeur : Fleurus
    Année de parution : 2016
    Format : broché
    Genre : dystopie
    Nombre de pages : 340

           Kosh sortit sous le déluge, courut le longe de la rue nationale. Les rares voitures en stationnement avaient déjà de l'eau au ras de leurs caisses. Le courant était fort. Quand il arriva au Nord du village, il comprit que c'était foutu. Il n'y avait plus de pont, ici non plus. Le tablier, le parapet apparaissaient encore parfois dans la boue écumante. Rien de plus. L'eau rugissait et roulait à hauteur du haut des digues. De l'autre côté, sur l'autre rive : plus de prairie, plus d'herbe - juste un fleuve immense large comme un bras de mer.

           On est coupé du monde...
    Il revint en courant vers la maison. Que faire? L'eau pouvait-elle monter jusqu'au étages?
    - On va à l'église. Suivez-moi!
    - A l'église? demanda Lou.
    - Ouais, dans le clocher. C'est l'endroit le plus haut du village. Pressez-vous, l'eau arrive...

     Kosh, Lou, Noah, Malcolm et Ombre sont cinq enfants qui se retrouvent livrés à eux-mêmes quand, au bout de huit mois de pluie ininterrompue, l'eau déborde des digues et inonde rapidement la ville. Tout au long du roman, on a ce sentiment d'urgence, cette idée que les personnages se doivent d'agir vite s'ils tiennent à survivre. Kosh, le plus âgé, adosse naturellement le rôle de leader mais d'autres ont aussi des talents qui serviront au groupe. Ma déception est que Lou, la seule fille du groupe (hormis Ombre, le nourrisson), n'apporte pas une grande contribution à la survie. On a le sentiment qu'elle est là uniquement pour enchanter Kosh et pour s'occuper d'Ombre. Mon petit côté féministe espère qu'elle s'affirmera un peu plus dans le tome suivant. Je n'ai pas réussi à m'attacher aux personnages de manière générale. Il y comme une distance instaurée entre eux et le lecteur, comme si la survie était plus importante que de se faire apprécier. C'est peut-être volontaire de la part de l'auteur mais cela représente pour moi un point négatif.
    En revanche, là où Vincent Villeminot est très fort, c'est qu'il est impossible de deviner ce qui va arriver aux héros. Quand on connaît leur situation de départ, on suppose qu'ils ne peuvent pas rester dans leur village, mais chaque étape de leur voyage est une surprise et les rebondissements éclatent quand on s'y attend le moins. L'apothéose arrive dans les vingt dernières pages où l'action et le suspense sont à leur comble. L'épilogue ouvre sur la suite, mais mieux vaut ne pas faire de suppositions hâtives sur les prochaines péripéties car l'auteur va très certainement prendre un chemin complètement différent.
    L'écriture est fluide et dynamique. Moi qui ai une fâcheuse tendance à décrocher quand il y a trop de descriptions, j'ai réussi à suivre celles de ce roman. Elles sont plus que nécessaires pour maintenir le sentiment d'urgence; il n'y en a ni trop ni pas assez.

    En résumé, malgré des personnages un peu fades, Les Pluies est un roman d'aventure très intense -limite frissonnant quand on s'imagine dans une telle situation. Et vous, pensez-vous pouvoir survivre au déchaînement des éléments?

     

    Note : 

        La réserve de barreaux de la rampe d'escalier s'épuisait, même s'ils maintenaient des feux de plus en plus modestes. La batterie du téléphone de Lou était vide depuis longtemps. Si la catastrophe était générale, il ne fallait compter que sur soi. Kosh en parla à Lou avant le dîner, profitant d'une énième bouderie des deux affreux, qu'il avait séparés. Peut-être pourrait-il nager de maison en maison, expliqua-t-il... Entrer en apnée dans les salons, récupérer des morceaux de bois, des câbles et des cordes, des conserves aussi? C'était très incertain, mais sans doute l'était-il encore d'avantage d'attendre sans rien tenter.
       - Kosh, si tu redescends et que tu te noies, je serai seule avec eux trois. Et Noah a une telle trouille de l'eau qu'il ne nous servira à rien.
       - Tu préfères qu'on meure de faim ici, sur notre perchoir?
       Elle secoua la tête mais ne répondit pas. Il ne devina pas de réponse non plus dans ses yeux clairs. Étrangement, la catastrophe et ces trois jours d'attente, d'espoirs déçus, les éloignaient, chacun se repliant dans la défense de son frère au gré des disputes de Noah et Malcolm; et Lou reprochant à Kosh ses humeurs quand il n'en pouvait plus d'entendre brailler la petite.
       Peut-être aussi avaient-ils tout à fait cessé de croire aux miracles?


  • Commentaires

    1
    Lundi 19 Juin 2017 à 11:38

    Ce livre a l'air pas mal du tout! J'aime bien les histoires catastrophes, où le but est de survivre etc. Et je trouve la couverture plutôt belle :-) 

      • Jeudi 29 Juin 2017 à 10:11

        Ça a été une belle surprise pour moi, et la suite sort en septembre!

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