• Timide

     

    Auteur : Sarah Morant
    Editeur : Hachette romans
    Format : ebook
    Année de parution : 2016
    Genre : romance
    Nombre de pages : 351

    Timide

    Discrète, discrète, discrète... Parce que c'est tellement plus facile de fuir le jugement des gens plutôt que de l’affronter en face. Réservée, réservée, réservée... Parce qu'elle se sent tellement mieux en faisant comme si rien ne s'était passé. Aimée, aimée, aimée... Parce qu'il va entrer dans sa vie, et tout bouleverser tel un jeu de quilles... Une fille timide peut cacher tellement plus. Il faut juste qu'une personne prenne la peine de le découvrir.

    Timide

    Cette lecture a été particulièrement laborieuse pour moi. J'ai bien conscience que l'auteure est très jeune et cela rentre en compte dans la critique que je m'apprête à développer.

    Eleonore est une adolescente rousse aux yeux vairons dont le mutisme est essentiellement dû aux épreuves que la vie lui a fait traverser. A l'aise, seule au fond de la classe, elle va être abordée par Jason, le nouvel élève du lycée. Malheureusement, celui-ci va se retrouver face à un mur, et cela ne va que l'encourager d'avantage à côtoyer la jeune fille... Car oui, Jason est un "rebelle" qui considère les filles comme ses "victimes", comme des trophées; un personnage moins stéréotypé aurait été plus agréable à découvrir. D'autant plus que le deuxième personnage masculin essentiel à l'intrigue, Tyler, ne s'en sortira pas mieux car il sera qualifié tout au long du livre "d'intello". Le noir et le blanc; les deux opposés parfaits. N'oublions pas les personnages obligatoires de la mégère bimbo du lycée et la copine fofolle... Même si la personnalité d'Eleonore est un peu plus travaillée, le gros souci que j'ai avec ce personnage, c'est qu'elle est très naïve et indécise : on peut parfaitement être timide, réservée et pourtant comprendre quand un garçon nous fait des avances. Durant toute l'histoire, elle se fait embrasser, câliner, prendre la main par les deux rivaux qu'elle se force pourtant à voir uniquement comme des amis. Quelques coups de pieds aux fesses auraient été les bienvenus! D'autant plus que Tyler et Jason acceptent de se partager la demoiselle et de la voir fuir en permanence sans rechigner; beaux princes mais situation peu crédible. Je terminerai sur les personnages en disant que la relation d’Éléonore avec son petit frère m'a beaucoup gênée. La façon dont elle le surprotège et les termes affectifs qu'elle emploie à son égard sont trop poussés.

    Concernant l'histoire, le début était prometteur. L'idée d'avoir comme héroïne une adolescente à la timidité maladive confrontée à ses premiers émois amoureux. Même si la présentation du personnage de Jason le rebelle fait craindre de tomber dans une histoire sans grande originalité, j'ai trouvé que l'intrusion de Tyler relançait l'intrigue et pouvait peut-être promettre quelques surprises. Mais hélas non. A partir du moment où Éléonore doit être partagée quotidiennement entre les deux garçons, le scénario devient une suite d'éléments répétitifs : rencart avec Jason, questionnement intérieur, rencart avec Tyler, questionnement intérieur, textos avec Jason, questionnement intérieur, souvenirs du passé avec Tyler, questionnement intérieur, etc. Je pense que l'histoire aurait pu être étoffée et une centaine de pages supprimées pour gagner en intensité et ne pas trop se perdre dans les doutes de chacun qu'on connaît depuis le début.

    Le point positif que je retiendrai, c'est que l'écriture est fluide, propre et légère. Même si les points de vue des garçons auraient mérités d'être rédigés à la première personne, je trouve que la plume de Sarah Morant est prometteuse.

    Ce livre trouvera certainement son public dans un lectorat de jeunes filles. Pour ma part, j'aimerais découvrir prochainement Sarah Morant dans un récit plus complexe et plus mature.

     

    Note 

    Timide

    Timide

            Au fond, je sentais que tout mon quotidien déraillait, mes amis se déchiraient... Tous les problèmes s'enchaînaient et je restais là, comme installée devant une télévision. Il était temps que j'entre dans le film.
               Je posai ma tête contre sa main lorsque celle-ci effleura ma joue. C'était ma manière de m'excuser. Je ne comprenais pas vraiment pourquoi, mais je le blessais en retrouvant Jason.

                    Comme je blessais Jason en  restant avec Tyler.


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  • Le Règne Tome 1 : "La saison des démons"

    Le Règne Tome 1 : "La saison des démons"

    Scénario : Sylvain Runberg
    Dessin : Olivier G.Boiscommun
    Editeur : Le Lombard
    Année de parution : 2017
    Genre : BD adulte, fantasy
    Nombre de pages : 56

    Le Règne Tome 1 : "La saison des démons"

    Un tigre, une guéparde, un bouc. Un trio de mercenaires uni par cette réalité intemporelle : l'union fait la force. Surtout quand le monde dans lequel ils doivent survivre n'a jamais été aussi dangereux.  Car le règne de l'Humanité est révolu. Et nos trois aventuriers ont à affronter son terrible héritage : des puissances naturelles destructrices...

    Le Règne Tome 1 : "La saison des démons"

    Une nouvelle série avec des animaux aux caractéristiques humaines. Même si c'est un genre qui est loin de lasser, il est difficile ici de comprendre dans quel contexte se déroule l'histoire. Dès le départ, on est plongé dans une scène d'action où un convoi conduit par des ratons laveurs (je crois^^) est pris d'assaut par des bandits. Ils vont être sauvés de justesse par les trois mercenaires présentés dans le résumé, mais après cela, la situation n'est pas plus claire. On sait qu'ils fuient vers "le shrine" : qu'est-ce que c'est? Pourquoi fuient-ils? Ce n'est qu'à la fin de l'histoire, dans les pages bonus, que tout nous est expliqué : la race des hommes a disparu laissant derrière elle des espèces animales se développer et évoluer intellectuellement. Mais les Hommes sont toujours présents dans l'esprit des bêtes : ils sont considérés comme des démons responsables des catastrophes naturelles qui s'abattent en permanence sur ce monde apocalyptique. Les animaux sont donc en quête d'un refuge : "le shrine".

    Non contents de devoir affronter les éléments, la horde que l'on suit devra également faire face à l'hostilité d'autres individus qu'ils vont rencontrer en chemin... L’atmosphère dangereuse est très bien retranscrite à travers les dessins, les scènes de cadavres sous les décombres (certes atténuées par le fait qu'on a affaire à des animaux), les corps affaiblis, couverts d'entailles... Les trois mercenaires se détachent du lot comme convenu; Octavia, la guéparde, s'impose comme le personnage fort au passé le plus trouble.

    Le contexte et l'histoire m'ont beaucoup fait penser  au comics Solo d'Oscar Martin (qui a été un véritable coup de cœur pour moi). J'adhère un peu moins au dessin dont le côté aquarelle est trop rétro pour moi mais l'aventure reste intéressante, autant que les suppléments de fin (scène coupée, portraits des mercenaires) et j'aimerais en découvrir plus sur Isaac, le tigre blanc en costume de dandy.

     

    Note

    Le Règne Tome 1 : "La saison des démons"

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  • Corps sonores 

    Corps sonores

    Scénario/Dessin : Julie Maroh
    Éditeur : Glénat
    Année de parution : 2017
    Genre : roman graphique
    Nombre de pages : 300

    Corps sonores

    A Montréal, comme partout ailleurs, les couples se font et se défont. Les individus s'attirent, se repoussent, dans une perpétuelle valse des corps. Dans cette même ville s'entrecroisent des destins à la fois différents et semblables, liés par ce sentiment indescriptible : l'amour. Cette inconnue à laquelle même la science ne peut donner d'explication, ce concept qui nourrit l'imaginaire des artistes depuis toujours, est au cœur du nouveau roman graphique de Julie Maroh.

    Corps sonores

    J'ai avant tout été attirée par la couverture de cette BD : paysage agréable, scène de vie simple, couleurs douces... Cela me plaisait beaucoup.

    Toutes les saynètes de la vie amoureuse qui y sont racontées sont véritablement passionnantes malgré le caractère parfois atypique de certaines d'entre elles. On y croit; parfois même, on les a vécues : discuter pour la première fois, savoir si on le/la rappelle avec une nuit de sexe, s’échapper après une dispute, découvrir le "polyamour", rejouer la scène de la rencontre après plusieurs années de vie commune, rester avec elle/lui malgré la maladie et les conflits, etc. Ces situations sont tellement universelles que le fait que les personnages soient hétéros, homos, bis ne change rien; le sentiment amoureux est le même quelle que soit son orientation sexuelle. Julie Marot, l'auteure, écrit une chose simple et tellement vraie dans l'introduction : "Nous ne sommes pas une minorité. Nous sommes les alternatives. Car il a autant de relations amoureuses qu'il y a d'imaginaires."

    Les actions se déroulent à Montréal, ce qui sous-entend un vocabulaire parfois différent de celui de l'Hexagone. Si dans les premières scènes cela peut agacer car il y a beaucoup de petits astérisques et de mots et expressions traduits, on apprend vite à passer outre.

    Les histoires sont sublimées par un dessin où le contraste du noir et du blanc est parfaitement maîtrisé. C'est un vrai plaisir visuel! Les nuances de gris, les jeux de lumières... ouah! Quel dommage que les visages des individus soient trop grossiers, avec un trait trop simple.
    Le choix de la dernière scène est très intéressant. Il laisse flotter un espoir au-dessus de ce sentiment qui peut parfois faire naître la douleur et la cruauté. Malgré les moments difficiles, l'histoire n'est peut-être pas finie...
    On ressort de cette lecture avec le cœur débordant de bons sentiments. Cette BD est une jolie ode à l'amour et à la tolérance.

     

    Note : 

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  • Presque ensemble

    Presque ensemble

    Auteur : Marjorie Philibert
    Editeur : JC Lattès
    Format : ebook
    Année de parution : 2017
    Genre : romance, parcours de vie
    Nombre de pages : 376

    Presque ensemble

    Nicolas et Victoire tombent amoureux. Après l’insouciance des études, vient le premier appartement, le premier salaire, le premier lave-linge. Mais cette vie si satisfaisante, peu à peu, ne remplit pas ses promesses. Rien n’arrive et rien ne leur arrive. Ils n’ont pas envie de changer le monde, ils n’ont pas les idéaux et les paradis artificiels de leurs parents. Leur rendez-vous avec l’histoire, ils le vivront à travers la télévision avec l’arrivée de Loft Story.
    Ils sont surdiplômés, sous-employés et ils étouffent. L’érosion des sentiments, le poids des habitudes les submergent. Dans les couloirs du métro ils rêvent de campagne, de voyages, de liberté. Ils voudraient toucher du doigt quelque chose de plus grand qu’eux ou simplement le sentiment d’exister. L’arrivée de Ptolémée, le chat, leur donne un temps seulement, un sentiment de plénitude.

    Presque ensemble

    L'histoire commence le soir du 12 juillet 1998. Le soir où l'équipe de France de football a remporté la coupe du monde. Nicolas et Victoire se rencontrent et passent la nuit ensemble. L'un et l'autre n'ont aucune attente sentimentale et pourtant ils vont rester ensemble la nuit suivante, et encore celle d'après... Malgré la difficulté des études, ils décident de s'installer dans un petit appartement où la routine s'installe peu à peu. Ils vivent ensemble l'épisode caniculaire de 2003, la toute première diffusion de Loft Story, etc. Le passage à la vie active ne va pas arranger leurs soucis financiers. Pourtant, Victoire écrit des critiques sur des hôtels de luxe et Nicolas travaille pour un magazine qui fait des statistiques sociales.
    Ce n'est pas le boulot de leur rêve, ce n'est pas ce qu'ils attendaient de la vie.
    Les événements ont-ils un sens? La vie elle-même a-t-elle un sens?
    Adopter un chat ne rapproche pas les amoureux, tromper l'autre ne les soulage pas de leurs frustrations, les petits défauts de l'un exaspère l'autre... Jusqu'à l'issu fatale.

    Ce que j'ai apprécié dans cette histoire d'amour, c'est qu'elle s'inscrit dans un contexte socio-culturel précis qui va avoir un impact sur les deux amants. Ce n'est pas juste une histoire où les personnages sont recentrés sur eux-mêmes; les problèmes qui vont les toucher viennent aussi de l'extérieur. En cela, je trouve ce roman d'une cruelle réalité.

    On a tous rêvé jeune de changer le monde, de faire de grandes choses, d'être libres... Nicolas et Victoire sont comme nous et sont anéantis par les désillusions de "la vie réelle".

    J'ai tellement aimé l'histoire de leur relation qu'on suit du début jusqu'à la fin que ce qu'il se passe après la rupture m'a moins intéressée. Je trouve en plus que le point final tombe alors que le roman n'est pas totalement terminé. Il lui manque quelque chose; peut-être une issue qui donne à réfléchir.

    Concernant le style d'écriture, je l'ai trouvé agréable, sophistiqué. Bien que le fait de développer dans un chapitre entier un événement simple soit parfois un peu lourd, je dois reconnaître que l'auteur a une très bonne maîtrise de la langue française.

    C'est un roman, certes peu joyeux, mais que je recommande chaudement à ceux qui veulent lire une fiction dotée d'une certaine crédibilité. Je me suis sentie très proche des personnages et de leurs questionnements perpétuels.

     

    Note : 

    Presque ensemble

    Presque ensemble

             Selon lui, elle était méchante, injuste à son égard, toujours insatisfaite, comme sa mère; et cela même alors qu'elle était molle et velléitaire; qu'elle se traînait dans la vie, sans ambitions ni moyens de les réaliser. Elle avait été un frein à bien des choses qu'il aurait voulu faire; elle ne pouvait s’empêcher de donner des leçons alors qu'elle ne savait faire qu'une chose, se laisser aller; d'ailleurs elle avait grossi.
             Elle suffoqua. Il était seul responsable de l'existence qu'ils menaient, terne et triste; il ne la faisait plus rire depuis longtemps; elle ne faisait plus l'amour avec lui que pour lui faire plaisir; d'ailleurs ils ne le faisaient plus, et ça ne lui manquait pas. Au fond, il ne l'avait jamais fait rêver : elle avait cru qu'il était un type qui avait de l'envergure, de ceux qui vous propulsent dans la vie mais aujourd'hui, elle devait bien le reconnaître, elle s'était trompée.

    Presque ensemble

    Merci à NetGalley et aux éditions JC Lattès pour ce service de presse.


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  • Le petit livre qui dit "c'est à moi!" 

    Le petit livre qui dit "c'est à moi!"

    Texte : Swann Meralli
    Dessin : Carole Crouzet
    Editeur : p'titGlénat
    Format : grand format, couverture rigide
    Année de parution : 2016
    Nombre de pages : 32
    Tranche d'âge : à partir de 3 ans

    Le petit livre qui dit "c'est à moi!"

    Mademoiselle n'est pas prêteuse quand on lui demande de jouer avec son petit cousin ! Elle n'en fait qu'à sa tête et lui reprend les jouets sans états d'âme !

    Le petit livre qui dit "c'est à moi!"

    Cet album entre dans la catégorie que j'aime appeler "simple et efficace". Premièrement, il n'y a pas de narration; rien que du dialogue bref et concis. Deuxièmement, les personnages sont peu nombreux et ils n'ont pas de nom : il y a la petite rouquine et son cousin (et les bras d'un adulte qui n'est pas identifié). La situation est donc extrêmement simple à expliquer aux plus jeunes : une petite fille refuse de prêter ses jouets à son cousin; ni son ours en peluche, ni son ballon, ni son cheval à bascule, ni sa couronne, ni ses livres... RIEN!
    Avec ses couettes rousses, sa jupe plissée et son air colérique, l'héroïne a tout de la petite chipie. Elle court dans tous les sens, attrape tout, crie à tout-va... Le dessin dynamique aux couleurs pétillantes est vraiment le gros gros plus du livre! A côté de la mini tornade rousse, le pauvre petit cousin blondinet aurait pu fondre en larmes mais il n'en est rien. Il est la figure attendrissante de l'histoire et c'est son comportement qui va amener la jolie fin et faire changer le comportement de sa cousine.

    Ce livre aux dessins plein de peps est parfaitement adapté pour apprendre la notion de partage dès le plus jeune âge. Les grimaces constantes de la mistinguette arracheront très certainement un sourire aux lecteurs petits et grands.

     

    Note : 

    Le petit livre qui dit "c'est à moi!"

    Le petit livre qui dit "c'est à moi!"

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