• Starve

     

    Scénario : Brian Wood
    Dessin : Danijel Zelzelj
    Couleurs : Dave Stewart
    Éditeur : Urban Comics
    Collection : Indies
    Année de parution : 2017
    Genre : comics indépendant
    Nombre de pages : 256 (one shot)

    Dans un monde où les inégalités ont achevé de fracturer la société en deux, puissants comme laissés-pour-compte se réunissent autour d'un programme de télé-réalité culinaire, Starve, créé par le célèbre chef Gavin Cruikshank et mettant en scène une série de défis tous plus obscènes les uns que les autres. En exil choisi depuis plusieurs années, le chef Gavin décide de revenir mettre de l'ordre dans son émission en enseignant à l'élite une leçon qu'elle n'est pas prête d'oublier.

    J'ai failli être rebutée par le dessin aux traits épais et anguleux et au noir omniprésent; mais en entamant le récit, on constate que ce style est parfaitement adapté au scénario sombre et à l'ambiance glauque de la BD.
    Gavin Cruikshank, la cinquantaine, est un ancien chef culinaire mondialement connu dont la réputation de débauché n'est plus à faire. Un soir, dans un bar miteux d'Asie du Sud-Est, un employé de la chaîne pour laquelle il travaillait avant de s'exiler vient à sa rencontre et lui annonce qu'un contrat le lie toujours à son ancienne émission phare, Starve, et qu'il a pour obligation de participer à une nouvelle saison. De retour aux Etats-Unis, Gavin devra de nouveau faire face aux inégalités sociales, aux lois cruelles de la compétition, et à son ex-femme et sa fille qu'il a abandonnées.
    L'ambiance qui se dégage de cette histoire est sombre, malsaine et violente. Les organisateurs de Starve n'ont plus ni morale ni conscience et la violence de leurs défis n'a aucune limite : tuer et dépecer un animal devant les caméras, cuisiner du chien, tabasser toute une brigade des bas quartiers pour prendre possession de leur cuisine, etc. Gavin relève tous ces défis haut la main et le public en redemande toujours plus. Le chef n'est nullement déstabilisé par toutes ces immondices; cependant, il veut se racheter une conduite auprès de sa fille qui est revenue spontanément vers lui. Elle représente l'espoir et la lumière au milieu de ce monde en perdition. Gavin va donc innover, désobéir, frapper des visages... mais cette fois pour la bonne cause.
    Ce récit d'anticipation fait froid dans le dos! Brian Wood a composé un scénario brillant et solide aux personnages en pierre brute. En dépit de tous ses défauts et ses erreurs passées, j'adore Gavin! Une fois ouvert, impossible de lâcher ce comics. Jetez-vous dessus! Vous ne verrez plus les émissions culinaires de la même façon...

     

    Note

    Starve

    (cliquer sur l'image pour voir en grand)


    votre commentaire
  • Les Porteurs, tome 1

    Auteur : C.Kueva
    Éditeur : Thierry Magnier
    Année de parution : 2017
    Format : broché
    Genre : science-fiction
    Nombre de pages : 303

    Gaëlle a choisi d'être une femme, Flo hésite encore. Matt, lui, sait que dans trois mois, il deviendra un homme. Dans cette société, tous les enfants naissent hermaphrodites. A seize ans, les adolescents doivent choisir leur sexe. Tous, sauf ceux atteints d'une déficience qui les condamne à un autre destin. On les appelle les Porteurs. Matt découvre qu'il est l'un de ceux-là. Mais que cache vraiment la déficience des Porteurs? Pourquoi l'Etat les tient-ils sous haute surveillance? Une formidable histoire de manipulation, de secret d'état, et bien entendu, d'amour.
    Ce premier roman est le premier volume d'une trilogie.

    Nous voici dans une société futuriste où un incident nucléaire a bouleversé les lois de la nature : la reproduction naturelle n'existe plus et les êtres humains ont la possibilité de choisir leur sexe à seize ans. Ce choix constitue un événement majeur dans la vie de chaque individu et les pre-Seza (les enfants qui n'ont pas encore de sexe défini) sont très encadrés avant de donner leur verdict. Matt en fait partie et sa décision est déjà claire dans sa tête, mais tout ne va pas se passer comme prévu...
    Le concept est très original. J'aime bien l'idée d'un monde où on pourrait choisir son genre, où cette distinction ne serait pas le fruit du hasard mais une vraie décision personnelle. La seule chose qui me dérange, c'est que l'homosexualité semble avoir complètement "disparu" de cette société. Faut-il obligatoirement devenir femme si on sent une attirance pour les hommes? Matt dit à un moment quelque chose du genre : Gaëlle aimait se faire belle et marcher avec élégance; le choix d'être une femme s'est donc imposé naturellement à elle. Pourquoi tomber dans un tel stéréotype? Gaëlle aurait très pu être un homme maniéré. Si le choix du sexe semble dans un premier temps représenter une nouvelle liberté chez les êtres humains, certaines réflexions des personnages laissent sous-entendre qu'ils sont en fait très formatés et que leur décision finale est influencée par beaucoup d'idées arrêtées. Est-ce intentionnel de la part de l'auteur?
    Si Matt est un personnage lambda qui ne fait pas trop d'histoires, Gaëlle, sa petite-amie, est beaucoup plus extravertie et démonstrative; je trouve que ces deux-là forment un duo qui fonctionne bien. Je n'ai pas été surprise qu'on découvre une société secrète qui désapprouve les soins apportés par le gouvernement aux Porteurs; j'aurais en revanche aimé sentir que les héros courent un véritable danger. Malgré tous les secrets révélés, on ne sent pas que les méthodes qu'ils emploient ne leur fait pas courir un énorme risque. Peut-être que le rythme s’accélérera dans les tomes suivants mais dans celui-là, l'action manque cruellement. La fin reste pourtant très surprenante. Impossible de deviner dès le début dans quel état seront les héros à la fin du livre.

    En résumé, même si aucune menace n'est vraiment apparente dans ce premier tome au sujet innovant, beaucoup de questions sont soulevées et méritent qu'on s'intéresse aux prochains tomes pour y répondre. Affaire à suivre...

     

    Note

              La vie peut basculer en une seconde. On a des projets pour ses prochaines vacances, des questions sur son orientation scolaire, des espoirs amoureux, des partitions de guitare à déchiffrer, une contrariété pour sa coupe de cheveux ratée ou un bouton mal placée sur le nez et la seconde suivante plus rien de toue cela n'a de sens. Les tracasseries d'avant nous paraissent, avec le recul, de doux moments de légèreté quotidienne. On les chérit, elles nous attendrissent, on aimerait tant retrouver l'insouciance. Celle qui nous a fait confondre l'insignifiant et l'important. Mais la seconde d'après nous ramène à une autre échelle. On découvre que l'important, c'est autre chose que la mauvaise note en maths ou les vacances ratées. Ensuite, on repense à cette seconde, on se la repasse en boucle dans la tête. On essaie de figer le temps d'avant, comme si on pouvait, à force d'y revenir encore et encore, effacer la seconde fatidique et reprendre le cours normal de l'existence.

              Cette seconde-là, elle est arrivée au petit-déjeuner, quelques jours après la Seza de Flo. Je m'en souviens précisément car j'avais remarqué l'enveloppe sur le guéridon dans l'entrée, là où Julien avait posé le courrier récupéré dans la boîte aux lettres. Sur cette enveloppe, il y avait le même logo que sur celle de Flo, le logo rouge du CPH. Pourquoi le Centre de Planning Hormonal nous écrivait-il? Peut-être pour préparer ma Seza mais ça me semblait un peu tôt.


    votre commentaire
  • Les 7 Princes et le labyrinthe millénaire, T.01

     

    Scénario : Yu Aikawa
    Dessin : Haruno Atori
    Éditeur : Doki Doki
    Année de parution : 2017
    Genre : seinen
    Nombre de pages : 192

    Un beau jour, une poignée de jeunes gens triés sur le volet se retrouvent enfermés dans un château et sont invités à choisir parmi eux le prochain empereur, une tradition en place depuis 400 ans dans cet empire.
    Mais ce qui semblait n'être qu'un processus classique de nomination du souverain dégénère très vite en sanglante machination ourdie par une main invisible.
    Nos valeureux prétendants au trône pourront-ils sortir vivants de ce château maudit?

    J'ai été de suite intriguée par le résumé de ce manga.
    Yuan semble faire office de personnage principal. Il se réveille dans ce château sans savoir comment il s'y retrouvé et va, durant son parcours pour trouver une issue, rencontrer six autres personnages qui semblent aussi perdus que lui... du moins en apparence. Si le caractère innocent de Yuan ne fait aucun doute, celui des autres personnages ne demandent qu'à être révélé au-delà de leur gentillesse apparente.
    Ce tome "de présentation" m'a convaincue. Sans rentrer pas dans les détails, on sent que chacun a sa propre personnalité. On peut d'ors et déjà choisir son préféré. Pour ma part j'adore Lawrence et je me me méfie de Messiah et de Zan. Le décor et l'ambiance générale sont très intimidants. Non contents de devoir survivre aux autres, les héros devront déjouer les pièges mortels du château. Le tout est tellement angoissant que les infimes moments d'humour font mouche! Les dessins sont dynamiques, les personnages très expressifs et les jeux d'ombre et de lumière réussis.
    On referme ce manga en se posant beaucoup de questions dont les réponses se feront cruellement attendre. C'est vraiment prometteur pour la suite.
    Série en 4 tomes.

     

    Note

     

    Les 7 Princes et le labyrinthe millénaire, T.01

    (cliquer sur l'image pour voir en grand)


    votre commentaire
  • Le Sang des Dieux et des Rois, tome 2

     

    Auteur : Eleanor Herman
    Éditeur : Robert Laffont
    Collection : R
    Année de parution : 2017
    Format : numérique
    Genre : historique, fantasy
    Nombre de pages (de l'édition papier) : 384

    Magie sanguinaire, amours interdites et soif de vengeance : ni les dieux ni les rois ne sont à l'abri de la folie des hommes.
    Sorti victorieux de sa première bataille, le prince Alexandre se faire violence pour devenir le chef dont son royaume a besoin.
    Héphestion, temporairement écarté du pouvoir et envoyé en Egypte avec Katerina, doit la protéger d'une terrible prophétie.
    Déterminé à faire une croix sur son premier amour, Jacob le guerrier s'esr promis d'éradiquer la Magie de Sang et cherche l'aide de Cynané, qui croupit dans les geôles royales.
    La princesse persane Zofia, enfin, qui poursuit sa quête des Dévoreurs d'Âmes, devra d'abord démêler les noirs secrets de son séduisant mais funeste ravisseur...
    Deuxième livre du Sang des Dieux et des Rois, la saga historico-fantasy bientôt adaptée par Warner Bros en série TV

    Merci à NetGalley et aux éditions Robert Laffont pour ce livre numérique.

    J'avais tellement hâte de retrouver les personnages de cette série dont le tome 1 fut un véritable coup de cœur! (chronique par ici). Quelques jours se sont passés entre la fin du 1 et le début du 2. Les personnages sont tous éparpillés aux quatre coins de la Grèce antique et vivent des aventures complètement différentes.
    C'est très compliqué de parler de ce livre sans spoiler le premier... Malgré le fait que les faits et gestes de chacun soient toujours aussi inattendus, j'ai regretté que Katerina soit plus en retrait et moins hargneuse. Je trouvais que c'était elle qui menait "le jeu" dans le premier, et ici, tout est beaucoup moins intense. Les personnages semblent moins "motivés". La seule qui est toujours aussi déterminée (voire pire encore), c'est la terrible Cynané. Malgré le vice qui l'habite, je suis curieuse de voir comment elle va se sortir de la situation dans laquelle elle est embourbée à la fin de ce livre. Jacob et Zofia prennent de plus en plus d'importance et leur caractère est plus développé, au détriment d'Alexandre et même Olympias, moins intéressants qu'à leurs débuts. Point positif, certaines rencontres, alliances et mésalliances surprennent (dans le bon sens du terme). On sent qu'aucun lien n'est acquis entre les personnages.
    Pour parler plus du "scénario", la Magie prend une part beaucoup plus importante, que ce soit la bonne ou la mauvaise. Je pense qu'à l'avenir, les combats risquent d'être beaucoup plus redoutables que de simples coups d'épées. Certains mystères sont résolus mais d'autres apparaissent en même temps pour préserver le suspense.
    En somme, ce tome donne l'impression d'être un entre-deux dans la série, un pont entre deux tomes forts. Il est moins passionnant que le premier mais promet un tome 3 où les révélations devraient continuer et les combats s'intensifier.

     

    Note

           Katerina sent les battements du coeur d'Héph rebondir dans sa poitrine, sa barbe de trois jours lui gratte la joue. L'espace d'un instant, elle parvient à se convaincre que c'est Jacob qui la serre dans ses bras. Elle prend une profonde inspiration et un mélange d'effluves monte à ses narines : les accents citronnés de son parfum hors de prix, l'odeur de propre d'une tunique, lavée par les petites mains de la buanderie royale, l'écurie, le cuir. Dans son souvenir, Jacob sentait le feu de bois et la glaise.
           C'est bien Héphestion auquel elle se cramponne ainsi - le garçon vaniteux et arrogant qui a éveillé en elle une haine viscérale [spoil]lorsqu'il avait voulu la faire arrêter sous prétexte qu'elle avait escroqué un parieur lors du Tournoi de Sang. Le garçon qui avait fait appel à sa ruse et à son courage pour la tirer d'un cachot insalubre, où elle avait été enfermée sous de fausses accusations.[fin de spoil]


    votre commentaire
  • Le Chant du coeur

    Auteur : Amy Harmon
    Éditeur : Robert Laffont
    Collection : R
    Année de parution : 2017
    Format : ebook
    Genre : romance
    Nombre de pages (de l'édition papier) : 396

    Parce que c'était lui, parce que c'était elle : le chant de deux cœurs à l'unisson.

    "Pour moi, le paradis, c'est la cloche qui annonce le début d'un match de free fight, l'adrénaline qui monte, la sueur qui me brûle les yeux et le feu qui coule dans mes veines. C'est la foule indistincte qui scande mon nom et l'adversaire du jour qui veut verser mon sang. Pour moi, le paradis se résumait au ring octogonal. Jusqu'à ce que je rencontre Millie.

    Jusqu'à ce que je change. Si l'octogone était mon paradis, alors Millie était l'ange en son centre, la fille pour laquelle je voulais me battre, celle qui m'a appris que les batailles les plus importantes sont parfois celles qu'on ne pense pas gagner."

    Le second volet de La Loi du cœur, le diptyque événement d'Amy Harmon.

    Merci à NetGalley et aux éditions Robert Laffont pour ce livre numérique.

    N'ayant plus tous les détails de La Loi du cœur, je ne pourrai pas vous dire avec exactitude combien de temps s'est écoulé entre les deux romans; au maximum quelques années. Nous retrouvons Tag (David de son vrai prénom), le meilleur ami de Moïse rencontré plusieurs fois dans le premier tome... Enfin, pour être exacte, nous le retrouvons pas tout à fait, car ses proches ont constaté sa disparition. Il a simplement laissé un appartement vide et une série de cassettes audio où il raconte son quotidien durant les derniers mois. Que s'est-il passé? Pourquoi Tag est-il parti?
    Le roman est une succession de flash back et de retours au présent; les amis de Tag vont écouter ses confessions et réagir chacun à leur façon. Tag était le jeune propriétaire d'un bar/dancing/salle de combat à la vie presque rangée jusqu'à ce qu'il rencontre Millie. S'en suit (évidemment) une belle histoire d'amour où tout coule de source entre les deux protagonistes; jusqu'à ce que... *suspens*
    Même si je suis de nouveau tombée amoureuse de la plume d'Amy Harmon, l'histoire m'a déçue. Ce qui m'a le plus dérangée est de me retrouver face à des personnages lisses, au comportement constamment exemplaire. Tag semblait beaucoup plus impulsif (voire carrément bourrin) dans La Loi du Coeur, mais il s'est assagi au point d'en être parfois ennuyeux. Cependant, il n'est pas le pire... Millie, malgré son passé compliqué, les conséquences qu'elle paie encore aujourd'hui et les nouveaux coups durs qu'elle va vivre, reste perpétuellement forte, compatissante et optimiste. Personnellement, suivre les aventures de personnages imperméables aux malheurs ne m'intéresse pas. Je préfère les individus qui ont des faiblesses et surtout des défauts; mais ceux de ce roman n'en ont pas et cela m'a ennuyée sur la fin. La rencontre de Tag et Millie et le début de leur idylle sont addictifs, mais ça s'arrête ici. Cela m'a d'autant plus déçue que Moïse et Georgie, les héros de La Loi du cœur, sont beaucoup humains et imparfaits, et par conséquent beaucoup plus plaisants. J'aime bien Henry dans cette deuxième partie de diptyque, mais sa présence ne suffit pas à rattraper le reste. De plus, la fin tombe alors qu'on n'a pas toutes les réponses. Tout ce qui concerne les héros de cette histoire est beaucoup trop évasif dans l'épilogue.
    Pour résumer, je dirais que cette romance entre deux personnages fades est traitée trop en surface à mon sens.

     

    Note

     

           Dès que j'en avais l'occasion, j'allais assister à son numéro. Ce n'était pas tant sa tenue hyper sexy, ni ses longues jambes, ni son ventre plat, ni ses beaux cheveux brillants qui se balançaient en cadence -quoique j'ai remarqué tout ça au premier coup d’œil, forcément. Je suis quand même un mec, hein? Mais toutes les danseuses du club étaient belles, minces et musclées. Et elles dansaient toutes très bien. Pourtant, c'était Millie que je regardais et pas une autre. Je la regardais parce qu'elle me fascinait. Elle était unique en son genre, une énigme faite femme, familière et à la fois complètement étrangère. Je n'avais jamais rencontré quelqu'un comme elle. En même temps, j'avais l'impression de la connaître depuis toujours. Et, depuis le moment où j'avais posé les yeux sur elle et ressenti ce choc (un choc pile-poil entre l'extase béate et la confusion la plus totale), je n'avais pas arrêté de tomber, tomber, tomber, incapable que j'étais de me retenir, incapable de détourner les yeux, incapable de faire la seule chose intelligente à faire : garder mes distances. Mais bon, personne ne m'avait jamais reproché mon excès d'intelligence.


    votre commentaire