• L'atelier des sorciers, tome 1

    Texte / Dessins : Kamome Shirahama
    Éditeur : Pika
    Date de sortie : 7 mars 2018
    Genre : seinen
    Nombre de pages : 208
    ISBN : 9782811638771

    Coco est une petite fille ordinaire vivant dans un village avec sa mère. Elle a toujours été fascinée par la magie, mais c'est un don rare que seules certaines personnes obtiennent à la naissance : les sorciers. Un jour, Coco rencontre l'un d'entre eux et le surprend à jeter un sort. Elle comprend alors la véritable nature de la magie et essaye de l'imiter... Mais elle va accidentellement utiliser une magie interdite!

     L'expression joyeuse et mutine de la demoiselle sur cette couverture m'a immédiatement donné envie d'ouvrir ce manga. Pas vous?

    En découvrant l'histoire, on constate que la jeune fille, baptisée Coco, a effectivement une joie de vivre sans faille et une fascination qui vire à l'obsession pour la magie. Elle est à la fois mignonne et rigolote; bref, on s'y attache dès les premières pages. Suite à une énorme bêtise, elle va découvrir le monde magique de l'intérieur : nouveau décor, nouvel apprentissage, nouveau mentor, nouvelles amies... et ennemies. Cette partie de l'histoire m'a un peu fait penser à Harry Potter (ainsi qu'une autre, lors d'achat de fournitures). Coco a accès à tout un univers qu'elle ne soupçonnait pas; où du moins auquel elle ne pensait pas appartenir.

    De nombreux mystères entourent déjà l'héroïne. Le suspense est déjà en place dans ce premier tome. L'auteur a établi des règles bien précises dans la pratique de la magie; tout est expliqué simplement et clairement, comme si le lecteur faisait son apprentissage en même temps que Coco. Mais les leçons sont loin d'être terminées lorsque l'héroïne est contrainte, presque malgré elle, de les mettre en pratique...

    Je ne peux pas achever cette chronique sans parler des dessins. J'ai lu peu de mangas où le mangaka accordait autant d'importance aux décors et paysages. Ils sont époustouflants! Cela leur donne une importance équivalente aux personnages. Ceux-ci ont des traits doux et harmonieux et chacun a des attributs reflétant sa personnalité : les petites lunettes de Kieffrey lui donnent l'air sage nécessaire à son rôle de professeur, la chevelure sombre d'Agathe représente sa froideur et son intransigeance, etc. Ils ont également de splendides costumes!

    Vous l'aurez compris, ce manga est un coup de cœur. Le dessin impeccable en est majoritairement responsable, mais aussi cette entrée en matière pétillante et joyeuse. Je pense cependant que le prochain tome (prévu pour juin) s’avérera plus sombre et plus dangereux... En attendant, si vous ne l'avez pas encore fait, jetez-vous sur ce premier tome de "L'atelier des sorciers"!

     

    Note

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     L'atelier des sorciers, tome 1

     (cliquer sur l'image pour voir en grand)


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  • Nous deux à l'infini

    Auteur : Fleur Hana
    Éditeur : Harlequin
    Collection : &H
    Date de parution : 7 mars 2018
    Format : numérique
    Genre/thématique(s) : romance adulte
    Nombre de pages (de l'édition papier) : 324
    ISBN : 9782280393881 (numérique) / 9782280391597 (papier)

    Elle est incapable d’aimer un autre homme que lui.
    Il est incapable d’aimer tout court.

     

    Lola aime Dante. C’est une vérité universelle depuis qu’elle a croisé son regard, treize ans plus tôt, alors qu’ils étaient encore adolescents et que Dante sortait avec sa grande sœur. Aujourd’hui, elle décide de tenter le tout pour le tout  : elle va le séduire, quitte à se faire passer pour une femme qu’elle n’est pas vraiment, une femme que Dante laissera entrer dans ses nuits.

    Dante n’aime que lui. C’est une vérité indiscutable depuis la trahison qui a fait voler sa vie rêvée en éclats. L’homme qu’il était a disparu  ; désormais, il enchaîne les coups d’un soir et est devenu ce que la vie a fait de lui  : un sale type. Mais, lorsque Lola déboule au milieu de la nuit, il lui ouvre, même s’ils ne se sont pas parlé depuis huit ans. Cette fille est toujours la gamine insupportable, capricieuse et envahissante de ses souvenirs, mais elle a ce truc indéfinissable qui le touche. Alors, quand elle lui demande de l’héberger, il accepte.

    J'ai toujours été déçue par les romances érotiques, à une exception près (Black Lies d'Alessandra Torre). Nous deux à l'infini est devenue l'exception n°2.

    Le plus gros point fort de ce roman est sans conteste ses personnages. Dante, trentenaire, employé hospitalier le jour, gogo dancer la nuit, est diablement sexy et sans attache. Jusque là, rien d'original. Sauf que ce bellâtre n'est ni autoritaire, ni agressif, ni égocentrique et n'est pas traumatisé par un sombre passé; et cela n'enlève rien à sa virilité et son sex appeal, bien au contraire. Il est plutôt posé, un tantinet cynique et drôle. Bref, il m'a fait cent fois plus fantasmer qu'un Christian Grey ou autre personnage abject. Lola a une personnalité plus "classique" mais il est facile de s'identifier à sa situation : amoureuse du mauvais garçon depuis des années mais dans l'impossibilité de s'en détacher. Elle n'a cependant rien de la vierge effarouchée; car pour faire craquer cet homme qui la considère comme une gamine, il va falloir sortir le grand jeu... Vous l'aurez compris, ce couple m'a plu.

    La deuxième chose qui m'a séduite, c'est la plume de l'auteure. J'ai rarement lu des romans qui me fassent autant rire : situations gênantes, dialogues cinglants, vacheries entre colocataires... Tout y est et c'est un régal! Les moments de doute, d'incertitudes et de tentatives de résistance sont également très prenants et font naître un besoin maladif de connaître la suite. J'ai malheureusement trouvé les scènes de sexe légèrement en dessous : courtes et un peu simples. Mais je remercie gracieusement l'auteure de ne pas les avoir agrémentées de dialogues niais et mielleux.

    De manière générale, l'histoire n'est pas trop fleur bleue. Elle est juste belle, passionnée et surtout crédible. Ce dernier point compte énormément dans mon appréciation d'une romance. Celle-ci est parfaite si vous souhaitez une histoire qui échappe aux clichés récurrents des histoires d'amour modernes. Merci à Fleur Hana de nous proposer autre chose.

     

    Note

          Son sourire s'élargit et elle s'approche avant de se pencher et de ramasser quelque chose par terre. Son sourire devient triomphant, je n'aime pas du tout. Elle manigance quelque chose et je sais d'expérience que, lorsque Lola prépare une entourloupe, ça se finit toujours mal. Elle se redresse et agite au bout de son index le slip en skaï doré qu'elle a trouvé sur le sol. J'ai dû balancer ça hier, avant d'aller me doucher. Ce n'est pas comme si c'était bien rangé chez moi...

         - Tu as quelque chose à me dire, Dante? me demande-t-elle en arborant une moue faussement choquée. [...]
         - Oui Lola, j'ai quelque chose à te dire : tais-toi. Je suis en train de me réveiller et tu parasites mon environnement. Alors juste... ferme-la.
         Je replonge dans mon café, ayant définitivement besoin de plus de munitions avant de poursuivre cette conversation. Mais Lola n'a jamais su comprendre quand elle devait s'arrêter. Elle est du genre à te harceler jusqu'à ce que tu craques et lui dises ou fasses ce qu'elle attend de toi, juste pour qu'elle te lâche un peu. Alors au lieu de choisir la prudence, elle me rejoint sur le lit et s'installe à côté de moi en rebondissant un peu. Mon café déborde et je jure en sentant des gouttes sur ma main.
         - Putain, Lola!
         Elle se contente de faire tourner le slip sur son doigt, sans cesser de sourire tandis que je m'emporte : 
         - Toi et moi, dans ce studio, dans une dizaine de mètre carrés... ça ne va pas être possible.


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  • La légende des quatre, tome 1

    Auteur : Cassandra O'Donnell
    Éditeur : Flammarion Jeunesse
    Date de parution : 14 mars 2018
    Format : broché
    Genre/thématique(s) : fantastique, aventure
    Tranche d'âge : à partir de 12 ans
    Nombre de pages : 352
    ISBN : 9782081394254

    Ils sont quatre, héritiers de leurs clans...
    Ils doivent s'unir pour survivre.

    Loup; tigre, serpent et aigle : quatre clans ennemis. Les Yokaïs, créatures tantôt humaines, tantôt animales, vivent dans une harmonie fragile. Sur la terre des humains, la tension est palpable : Maya, l'héritière du clan des loups, et Bregan, du clan des tigres, sont les garants de la paix. Mais pourront-ils résister à leur instinct profond pour sauver leurs tribus?

    Nous voilà face à un roman qui "envoie du lourd"! Il regroupe différents éléments qui en feront une série de référence : de l'aventure, de la magie, des animaux; et qui véhiculent des valeurs telles que le courage et la solidarité.

    L'histoire se passe dans un monde post-apocalyptique, après qu'une guerre opposant les Yokaïs aux humains aient été perdue par ces derniers. Ils ont alors subi une régression technologique et été privés de tout objet ressemblant à une arme. Depuis, une paix fragile règne entre les deux espèces, mais aussi entre les quatre clans de Yokaïs. Interdiction pour eux de se mêler, de se parler, malgré l'unique établissement scolaire de la ville qui obligent les adolescents à tous se côtoyer. Mais quand un loup, puis un tigre sont retrouvés assassinés, les héritiers des quatre clans Yokaïs vont s'unir pour éviter la guerre et débusquer les traîtres.

    Quel clan aura votre préférence? Les loups solidaires, les tigres féroces, les aigles sages ou les serpents rusés? 

    Difficile de faire un choix car les quatre héros sont terriblement attachants, tout particulièrement Maya et Bregan. On regrette parfois qu'il n'y ait pas une pause dans l'action pour qu'on puisse s'arrêter d'avantage sur ces personnages. Mais le temps est compté, et l'urgence et la tension se ressentent parfaitement dans le récit. Les deux autres protagonistes, Nel et Wan, sont plus discrets dans ce premier tome, mais il est certain qu'ils auront leur moment de gloire par la suite. En attendant, leurs chamailleries sont les bienvenues dans cette mission si périlleuse. Les combats engendrent parfois des scènes sanglantes (d'où le fait que je conseille ce livre à partir de 12 ans), mais ils sont surtout palpitants et dynamiques, au point où on craint pour la vie de nos héros.

    Pour résumer, "le clan des quatre" est un roman pêchu et addictif qui plaira assurément à un large public. J'attends déjà le tome 2 avec impatience!

     

    Note

         - Tu as besoin de te défouler? Très bien, je suis à ton service. Mais promets-moi que tu accepteras de me parler ensuite...
         Bregan n'avait aucun désir de se battre, mais il n'existait malheureusement pas d'autre choix : Maya n'était plus en état de se contenir et sa bête était prête à surgir. Il pouvait pratiquement en sentir l'odeur sur sa peau et l'air autour de lui avait grimpé d'une bonne dizaine de degrés. Ravaler sa louve et revenir en arrière était, à ce stade, pratiquement impossible.
         - "Ensuite"? Il n'y aura pas d'"ensuite" pour toi, Bregan, je vais t'étriper, cracha Maya tandis qu'une sensation de fourmillement envahissait ses jambes puis le reste de son corps.
         - J'ai hâte de voir ça, petite louve, j'ai hâte de voir ça, répondit-il en souriant.
         Maya lui jeta un regard mauvais, se déshabilla, puis, sentant sa peau et ses muscles s'étirer, elle se laissa tomber à terre en hurlant. Ses os craquèrent, son visage et sa mâchoire s'allongèrent, ses dents se transformèrent en crocs et sa peau diaphane se recouvrit d'une épaisse fourrure blanche. Une fois le changement terminé, elle cligna des yeux en regardant ce monde étrange dénué de rouge ou de vert, mais teinté de subtiles nuances brunes, grises et noires inconnues de l’œil humain. Puis elle se tourna vers Bregan, ou plutôt vers la créature de cauchemar qui l'avait remplacé, en poussant un terrible grondement.
         "Allez, montre-moi comment tu te débrouilles ma belle", songea Bregan amusé, en dévoilant des crocs d'au moins 20 centimètres.


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  • Les colocs

    Auteur : Sarah Morant
    Éditeur : Hachette Romans
    Date de parution : 28 février 2018
    Format : broché
    Genre/thématiques : vie quotidienne, humour
    Nombre de pages : 350
    Tranche d'âge : à partir de 12 ans
    ISBN : 9782016269220

    Quand sa cousine-et-colocataire décide de partir un an à l'étranger, Cassandre est bien embêtée. Il est hors de question qu'elle retourne chez ses parents. Par chance, sa cousine lui dégote le colocataire parfait! Ou pas... Car la personne qui se présente à sa porte n'a rien du coloc rêvé. Pire, Alden est tout ce que Cassandre déteste. Et vice, versa. Il déplace ses affaires sans la prévenir; elle refuse la moindre tâche ménagère. Il invite ses amis à l'improviste; elle organise des soirées dans leur appart quand il aimerait dormir. Ils ne sont d'accord que sur une seule chose : leur incompatibilité. Vite, des disputes éclatent et la colocation devient invivable. Pour essayer d'apaiser l'atmosphère, Alden propose de poser des règles. Chacun son tour, ils inscriront sur une feuille une loi à ne jamais transgresser. Et plus les jours passent, plus Alden et Cassandre découvrent qu'ils sont peut-être, tout compte fait, des colocataires parfaits...

    J'ai décidé de lire ce roman en reconnaissant le nom de Sarah Morant; son premier livre, Timide, ne m'avait absolument pas plu (voir ma chronique), mais j'avais envie de voir s'il y avait possibilité de me réconcilier avec l'auteure.

    L'histoire de base est très simple : la cohabitation forcée de deux jeunes gens aux caractères opposés. Ceci aurait pu vite tomber dans la facilité et se transformer en une simple romance comme on en voit des centaines aujourd'hui; mais cela n'est pas le cas. Désolée pour vous si vous espériez ce genre de scénarios, mais Les Colocs est une histoire d'amitié; une amitié fille/garçon qui plus est. J'ai énormément apprécié ce choix de la part de l'auteure car je trouve que c'est une thématique peu exploitée en littérature. Dès que les deux héros d'une oeuvre sont de sexe opposé, il y a 99% de chance que cela finisse en romance; mais pas ici. Donc merci, Sarah Morant car c'est une notion en laquelle je crois profondément. Mais que les lecteurs fleur bleue ne s'attristent pas : il est tout de même question d'amour dans un second plan.

    La deuxième facilité que l'auteure a évité, c'est de faire de la demoiselle le personnage calme et studieux et du jeune homme le trouble-fête. Mais ici, Cassandre est une fainéante (tant pour les études que pour les tâches ménagères) qui boit tous les soirs ou presque et qui râle constamment; bref, une vraie chieuse que vous allez adorer détester. Alden est plus sérieux, plus calme et plus responsable. Mais attention, il a du répondant et certaines situations entre les deux colocataires sont savoureuses à lire. De manière générale, les dialogues sont bien construits et prennent une place importante dans le livre. On prend plaisir à voir les liens se tisser entre tous les personnages. J'aime particulièrement le petit rituel du règlement sur le réfrigérateur.

    Malgré un peu trop de bons sentiments à mon goût (surtout dans les passages avec la famille de chacun), c'est un roman frais et pétillant sur le thème de l'amitié, de la tolérance, du passage à l'âge adulte. Même en n'ayant jamais vécu en colocation, vous pourrez vous reconnaître dans les personnages et leur quotidien. Je referme ce livre comblée  et sans plus la moindre rancune envers Sarah Morant.

     

    Note

         Le lendemain, je me réveillai avec un grognement. Je jetai un coup d’œil à la porte de ma chambre ouverte sans parvenir à me rappeler si elle avait été fermée la veille. Et peut-être que j'étais un peu parano, mais lorsqu'on vivait avec un poison de la taille de Cassandre Damps, on apprenait à se méfier...
         Cette dernière m'attendait d'ailleurs dans la cuisine, le pot de Nutella vide dans une main et la cuillère encore dans la bouche.
         - Allez, Cassie, t'abuses, grommelai-je voyant que je n'avais plus rien à étaler sur mes tartines.
         - Fallait être levé le premier, Picasso.
         - Je saurai te rappeler cette règle.
         - Arrête de te plaindre, il y a du fromage dans le frigo, se moqua-t-elle, et son rire redoubla lorsqu'elle vit ma grimace.
         - T'es chiante.
         Elle se contenta de me répondre par un petit sourire énigmatique sans rien ajouter, et je trouvais ça drôlement suspect.
         - Je vais attendre que tu reviennes des courses pour déjeuner, lâchai-je en me dirigeant vers la salle de bain, et son gloussement m'alarma.
         C'est alors que je me retrouvai devant le grand miroir au-dessus de notre lavabo, et que je remarquai l'espèce de graffiti immonde qui me décorait le front.
         - Espèce de sale gamine, lui hurlai-je en ouvrant brusquement la porte.


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  • Les ombres de Julia, tome 1

    Auteur : Catherine Egan
    Éditeur : Milan
    Date de parution : 7 mars 2018
    Format : broché
    Genre/thématiques : fantastique
    Nombre de pages : 382
    Tranche d'âge : à partir de 12 ans
    ISBN : 9782745986672

    Julia a la capacité inhabituelle de se rendre invisible.

    Un pouvoir dangereux dans un monde où la magie est interdite, et où les sorcières sont pourchassées et noyées en public.

    Mais un pouvoir très utile pour une voleuse et une espionne.

    Car Julia en est une. La meilleure. Et elle l'a bien compris : le crime paie.

    Amateurs d'histoires étranges et originales, soyez les bienvenus. Il est question dans ce roman de chasse aux sorcières, de meurtres en série et autres mystères dans un monde fantastique avec quelques détails empruntés à l'univers steampunk.

    Comme expliqué dans le résumé, Julia est une jeune adulte travaillant au sein d'une bande de malfrats. Elle se fait passer pour une domestique dans une maison bourgeoise où un mystérieux commanditaire lui a demandé d'espionner. Cette héroïne, bien que malhonnête, a un sacré sang-froid, un peu de tempérament et surtout la volonté de faire sortir son frère estropié et elle-même de la misère dans laquelle le passé de sorcière de leur défunte mère les a plongés. Même si elle agit seule, elle ne peut s'empêcher de s'échapper régulièrement de la riche maison pour retourner dans les quartiers populaires où se cachent son frère, son compagnon et les autres membres de sa bande qu'elle considère comme sa famille. Les rapports et les dialogues entre ces personnages sont très plaisants à lire; Julia y baisse complètement sa garde pour dévoiler ses faiblesses.

    Quand elle est en mission, c'est autre chose. La demeure de madame Och est habitée par de nombreux personnages tous aussi différents les uns des autres (scientifiques, domestiques, maîtresse de maison) que Julia va devoir subtilement interroger. Le tueur en série qui terrorise la ville se cache-t-il parmi eux? Qui est cette jeune femme qui est arrivée avec son bébé?

    Suivre le quotidien rythmé de Julia/Ella est intéressant et intrigant. Elle doit jongler entre ces deux groupes de personnes, entre sa mission et ses problèmes personnels. Bien entendu, elle va s'y perdre... Il y a dans cette histoire un univers riche, foisonnant de personnages, de légendes et d'intrigues; et tout est limpide, on ne se mélange jamais les pinceaux. Chaque personnage, qu'il ait une grande importance dans le récit ou non, a une personnalité approfondie; c'est quelque chose que j'ai énormément apprécié dans ma lecture. De son côté, Julia est une héroïne forte qui essaie de rester la tête hors de l'eau malgré les révélations qu'elle apprend et ses convictions ébranlées. Il est simplement dommage que toutes les vérités ne soient pas avouées dans un climat plus oppressant, avec plus de tension; le livre en aurait été parfait. La fin est néanmoins dynamique et réussie, et fait naître l'envie irrépressible de connaître la suite des aventures de Julia.

    Ce livre vous fera passer un excellent moment de lecture. Je le conseille très vivement à ceux qui ont envie d'une aventure inédite et originale, sans élément qui fasse penser à des dizaines d'autres romans.

     

    Note

         - J'ai vu une fille mort près du temple de Cyrambèle, leur dis-je, et je répète ce que la vieille m'a raconté.
         - La pauvre, dit Esmée en m'apportant une tasse de café fumante. Cette ville est dangereuse pour une fille seule. Sois raisonnable, ma Julia. Je ne veux pas apprendre un jour que tu es sans vie sur un pont.
         - Ça ne pourrait pas m'arriver, dis-je, en frappant la botte où je cache mon couteau.
         - Ça ne t'arrivera pas parce que tu sera maligne et que tu éviteras d'aller te promener seule le soir, réplique Dek en me dardant d'un regard dur. Non parce que tu as un couteau de quinze centimètres si bien rangé dans la doublure de ta botte qu'il te faudrait cinq minutes pour le sortir.
         - Vint-deux centimètres, rectifié-je avec un grand sourire. Et regarde.

         Je pointe le couteau à l'instant même où il se précipite vers moi, me retournant le poignet. Dans un fracas, le couteau heurte le sol et je renverse mon café.

         - Sacré nom de Kaghé, Dek, détends-toi! crié-je.

         Il respire fort, sa jambe estropiée tordue sous lui. Esmée glousse, sirote son café.

         - Julia, dit-il lentement, je te demande d'être futée. D'être prudente.
         - Je
    suis prudente, rétorqué-je, le repoussant.

         Mais je ne suis que légèrement en colère. Il s'inquiète pour moi, je le sais, et en vérité, je me sens protégée du fait qu'il s'inquiète. Comme si son amour pouvait me protéger. On me croirait plus lucide : l'amour ne protège personne. Mais c'est mon grand frère et il s'inquiète pour moi, voilà.


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